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"Il y a un puritanisme à droite comme à gauche", dénonce Jul, censuré par l'Education nationale

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De retour avec une adaptation de Picsou en bande-dessinées pour Disney, le dessinateur Jul dénonce ce lundi sur le plateau des Grandes Gueules le puritanisme de droite et de gauche qui menace les œuvres littéraires et la bande-dessinée. Il déplore aussi la disparition du second degré chez les plus jeunes.

Picsou revient. Le canard le plus riche et radin du monde se met même aux cryptomonnaies sous le crayon du dessinateur Jul qui revient avec sa nouvelle bande-dessinée, "Picsou et les bit-coincoins".

"Disney avait envie de mettre une petite pincée d'humour et cet album, c'est 97% de Disney et 3% de Goscinny" explique-t-il ce lundi sur le plateau des Grandes Gueules: "C'est un esprit qui parle un peu aux parents et aux enfants avec un peu plus d'humour peut-être que les Picsou traditionnels".

"Il y a un petit côté ironique, pinçant, français, qui fonctionne bien", estime Jul à propos de sa bande-dessinée.

"Dans cette histoire, l'idée c'est de confronter Picsou aux méga riches d'aujourd'hui. Picsou c'est un milliardaire à l'ancienne alors qu'aujourd'hui, les milliardaires sont 'testostéronés' et transhumanistes comme Elon Musk", explique le dessinateur sur RMC et RMC Story.

"Chaque case est scrutée par Disney Company"

Mais pour transposer Picsou au monde moderne, il faut faire avec le regard de Disney: "Chaque phrase, chaque case est scrutée par Disney Company. Ce n'est pas de la censure mais de la collaboration. Dans cet album, les Castors juniors (le club de Riri, Fifi et Loulou) sont des influenceurs. Et Disney m'a écrit en me disant que ce n'était pas possible d'être influenceurs en étant mineur. Mais c'est à l'américaine, Disney m'a proposé une solution alternative en les faisant devenir influenceur sur l'intranet".

"On a beaucoup échangé par mail et un jour, j'ai reçu un mail en gros format avec marqué 'No sex joke' ("pas de blague sur le sexe" en anglais, ndlr) parce que c'est un album pour enfant alors qu'à la française on aurait pu subtilement glisser des blagues" assure-t-il.

Jul face aux GG - 13/10
Jul face aux GG - 13/10
14:35

Reste une question pour Jul: qui est le plus rigoureux entre l'Education nationale, qui censura sa version de "La Belle et la Bête" malgré l'aval premier et une préface d'Elisabeth Borne alors ministre de l'Education et Disney? "Au dernier moment ça a été censuré et elle s'est déjugée. C'est bien pire que Disney avec qui on travaille ensemble, pour un même but et une issue positive. On créé cette œuvre".

"Le second degré est menacé"

"Comme aux Etats-Unis, on a basculé vers un puritanisme de droite et un puritanisme de gauche. Plein de sujets deviennent délicats. Moi j'ai toujours été attaché à la gaieté et l'insouciance, très française. Quand on m'a proposé de faire Picsou, j'ai accepté parce que ça réunit les générations et les chapelles sur l'ironie française", raconte-t-il.

"Je pense que c'est dangereux de débrancher les prises de l'expression. Le second degré est très menacé, notamment dans une partie de la jeunesse. Il faut qu'en arrivant au lycée, les élèves comprennent ce qu'est le second degré, l'humour. Et l'histoire de Samuel Paty, c'est parce que les dessins qu'il a montré ne pouvaient être compris par une génération qui n'a pas les outils pour décoder. Le second degré, ça s'apprend", appelle le dessinateur Jul.

Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC