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Muriel Robin freinée par son homosexualité: "La faute des producteurs", selon Christophe Beaugrand

Le journaliste et animateur de radio et télévision Christophe Beaugrand, également membre d'une association de bien-être des personnes LGBT+ au travail, confirme sur RMC que l'homosexualité dans le monde du cinéma peut ranger des acteurs dans des cases dont il est difficile de sortir.

Muriel Robin a attiré l'attention de beaucoup de monde sur la problématique de l'homosexualité au travail ce samedi. Lors de son passage dans l'émission Quelle époque! de Léa Salamé sur France 2, elle a livré un sérieux coup de gueule sur le monde de cinéma qui, selon elle, reste marqué par une discrimination des acteurs et actrices ouvertement homosexuels.

N'ayant jamais caché son attirance pour les femmes, elle a estimé que cela a été un frein à sa carrière cinématographique, rappelant qu'elle n'a fait que deux comédies, et que le sujet reste donc tabou.

"Je connais les acteurs homosexuels français, (ils se taisent) bien sûr, sinon on ne leur remettra plus jamais de femme dans les bras", a-t-elle lancé.

"Les jeunes homosexuels? Pas la peine qu'ils fassent ce métier, je ne veux pas qu'ils fassent comme moi"

Muriel Robin fait un rapport entre cela et le désir que les producteurs et réalisateurs cherchent à mettre en oeuvre à l'écran.

"Il faut être désirable. Les jeunes filles collent des photos d'acteurs (sur leurs murs), les jeunes hommes des actrices. Il y a quelque chose de l'ordre du désir, de sexuel. Consciemment ou inconsciemment. Si on est homosexuel, on n'est pas désirable, on n'est pas pénétrable. Et quand on n'est pas pénétrable dans cette société et dans le cinéma, on ne vaut rien! Si vous êtes vieille, si vous êtes moche...", lance-t-elle.

Muriel Robin assure avoir laissé tout cela "dans le passé", et que tout va mieux aujourd'hui, mais estime que le problème est tel qu'elle recommanderait aux jeunes aspirants acteurs de ne pas révéler leur homosexualité.

"J'ai pleuré tous les jours les larmes de mon corps. Là, c'est classé pour moi, mais il faut que j'en parle car il faut le dire aux jeunes. Il faut leur dire: pas la peine qu'ils fassent ce métier, je ne veux pas qu'ils fassent comme moi. Je leur dis, positionnez-vous pour ne pas vivre ce que j'ai vécu", clame-t-elle sur le plateau de France 2.
L'homosexualité est-elle encore un tabou au travail ? - 18/09
L'homosexualité est-elle encore un tabou au travail ? - 18/09
29:27

"Ce qu'il faut, c'est essayer de se mettre à la place de l'autre"

Invité des "Grandes Gueules" ce lundi sur RMC, le journaliste et animateur de télévision Christophe Beaugrand confirme le constat de Muriel Robin sur certains points, notamment sur le fait que ce soit un frein aujourd'hui au travail.

"Oui, pour le coup, c'est une évidence, des études en attestent", rappelle-t-il. "Très souvent, on entend des arguments du genre: 'Arrêtez de la ramener tout le temps, nous on ne passe pas notre temps à dire qu'on est hétéro'", souffle-t-il.

Militant au sein de l'association "Autre cercle", qui se bat pour que les LGBT+ se sentent bien dans le monde du travail, Christophe Beaugrand avance un chiffre de l'ordre de 38% des personnes qui s'identifient en tant qu'homosexuelles qui estiment avoir déjà été discriminées au travail.

"Ce qu'il faut, c'est essayer de se mettre à la place de l'autre. Personne n'a jamais besoin d'annoncer qu'il est hétéro. Quand on raconte son week-end à la machine à café, on parle de ce qu'on a fait avec sa femme. Beaucoup de personnes homosexuelles n'osent pas, à la machine à café, dire qu'ils étaient en week-end avec leurs mec/copine car ils se disent qu'on les regardera différemment", assure-t-il.

Dans le cas de Muriel Robin, il confirme que le côté "sexuel" des personnages y joue pour beaucoup.

"C'est la faute des producteurs, des décideurs, qui se disent qu'on va prendre le moins de risques possible et prendre la personne qui risque de déplaire aux moins de gens possible", estimant que la problématique est similaire à celles des acteurs racisés.

Avec J.A.