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"On vient au travail avec la boule au ventre": le CNC au chevet des cinémas en difficulté

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Le CNC vole au secours des cinémas dont la trésorerie est dans le rouge. Des aides "sont attribuées sous forme d'avances remboursables" jusqu'au 31 décembre 2025 et concernent les exploitants de petites et moyennes salles. "J’en ai connu, des crises, mais comme celle-là, jamais", témoigne sur RMC un exploitant en Meurthe-et-Moselle.

Le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) va accorder des avances exceptionnelles aux salles de cinéma les plus en difficulté, confrontées à une chute de la fréquentation en 2025, selon le journal officiel paru vendredi.

Les aides "sont attribuées sous forme d'avances remboursables" jusqu'au 31 décembre 2025 et concernent les exploitants de petites et moyennes salles, selon la délibération publiée au journal officiel. Elles ont pour but de soutenir les salles confrontées à de gros problèmes de trésorerie.

Depuis le début de l'année, la fréquentation des salles de cinéma a en moyenne reculé de 15% par rapport à 2024, qui a été une année de fort rebond avec 184 millions d'entrées sur le marché français.

"On ne dort pas la nuit, on vient au travail avec la boule au ventre..." raconte André-Maurice Carlotti. Cela fait 20 ans qu’il est exploitant de salles de cinéma en Meurthe-et-Moselle. "J’en ai connu des crises mais comme celle-là, jamais."

"Jusqu'à 7.500 € de facture mensuelle d'électricité"

Lui compte sur le dispositif d’avances promis par le CNC fin septembre. Sans cela, il aurait perdu son cinéma. "Je pensais que j’allais tout perdre, j’étais dans une situation critique – et on l’est encore, tant qu’on n’aura pas touché cet argent. Moi et ma femme, on ne se paie pas."

Car les salles se vident : 30 % de fréquentation en moins par rapport à l’an passé dans le cinéma de Ludovic Graillat. "Il manque des films porteurs, des succès comme l’an dernier. Si on n’a pas de contenus à projeter de qualité, les gens ne viennent pas."

Et à côté de cette perte de recettes, les charges explosent, notamment le coût de l’énergie. "Quand j’ai ouvert, ma facture mensuelle était de 1 500 à 2 000 euros. Aujourd’hui, je peux atteindre 7 500 euros." Le cinéma indépendant souffre, mais garde espoir. Beaucoup misent sur les futures sorties comme Avatar ou Zootopie 2.

La "crise de la fréquentation est multifactorielle"

D'après le président du CNC, Gaëtan Bruel, qui s'est exprimé lors du congrès de la FNCF, "la crise de la fréquentation est multifactorielle". Il a souligné "la part toujours plus grande des spectateurs occasionnels", au détriment des habitués, plus enclins à aller voir une grande diversité de films.

Autre élément, la "concurrence de nombreux écrans, à commencer par les smartphones qui sont devenus pour les jeunes l'unique lieu de consommation de contenus audiovisuel", a-t-il déploré.

Amélie Courtet avec Léo Manson