Philippe Geluck, l’homme derrière "Le Chat", signe son 25e album et prépare un musée à son image

Les mains de Philippe Geluck dessinant son personnage Le Chat en 2003 - GABRIEL BOUYS / AFP
Il est rond, en costume-cravate, avec des yeux immenses et un humour bien affûté. Le Chat revient pour un 25e album, L’origine du Chat, attendu en début de semaine. Sur la couverture, il dit simplement: "Merci papa". Et ce papa, c’est Philippe Geluck, 71 ans, toujours aussi inspiré.
42 ans de rire et d’absurde
Voilà plus de quatre décennies que le dessinateur belge fait sourire, réfléchir, grincer des dents parfois. Avec son humour absurde et son flegme légendaire, Geluck a imposé Le Chat comme un personnage culte de la bande dessinée francophone.
"Peut-on rire de tout? La réponse est oui. Mais à la question: en êtes-vous absolument certains? La réponse est non", lançait-il dans La minute du Chat, émission télé belge devenue culte.
Né dans les journaux, pour de vrai
Avant même de manier le crayon, Philippe Geluck est apparu dans la presse dès sa naissance. En mai 1954, sa photo de bébé est publiée dans les journaux belges : sa mère venait d’accoucher selon la méthode dite "sans douleur", une première dans le pays.
Et depuis, il n’a plus quitté les colonnes des journaux. À 17 ans, il publie ses premiers dessins dans la revue humoristique L’Œuf. Il faut dire que le talent est de famille : son père, dessinateur de presse engagé, réalisait des caricatures anticapitalistes. Mais à la maison, la BD, ce n’était pas très sérieux. "Il fallait lire de la vraie littérature", racontait souvent Geluck, mi-amusé, mi-agacé.
Du dessin à la sculpture, en passant par le théâtre
Geluck, c’est un touche-à-tout. Dessinateur, humoriste, comédien, sculpteur, il a aussi animé des émissions de radio et de télévision. Formé au théâtre à Bruxelles, il rencontre en 1976 sa future épouse, Dany, sur un tournage. Le coup de foudre. Quatre ans plus tard, ils se marient.
C’est à cette occasion que le Chat naît pour la première fois sous son crayon, sur les cartons de remerciement du mariage. Il revient ensuite sur le faire-part de naissance de leur fils, Antoine. Deux mois plus tard, Le Chat s’invite dans les pages du quotidien Le Soir. Et là, tout s’enchaîne : la page devient la plus lue du journal.
Le rêve d’un musée à Bruxelles
En 2021, les statues monumentales du Chat s’invitent sur les Champs-Élysées. Un pari audacieux, salué autant qu’il a été critiqué. Geluck encaisse avec humour: "Certains pensent pouvoir décider de ce qui est beau ou pas. Moi, je préfère en rire." Aujourd’hui, l’artiste continue de se multiplier. À Lyon, son Chat investit actuellement la galerie Estades, sous toutes les formes : peintures, sérigraphies, sculptures.
Mais son grand projet, c’est un rêve de longue date: ouvrir un musée du Chat et du dessin d’humour à Bruxelles. Une idée qu’il mûrit depuis quinze ans et qui devrait enfin voir le jour en octobre 2027. Pour financer ce projet, Geluck vend ses sculptures du Chat et réinvestit chaque centime dans le futur musée. Toujours le même appétit créatif, toujours le même humour tendre et absurde: Philippe Geluck reste fidèle à son félin, et à lui-même.