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Attentat de l'Hyper Cacher: "On sait qu'il ira jusqu'au bout, qu'il mourra les armes à la main", l'ancien patron du RAID raconte

Jean-Michel Fauvergue, ancien patron du RAID, qui a dirigé l'assaut contre Amedy Coulibaly lors de la prise d'otages de l'Hyper Cacher, témoigne et livre son analyse.

Ce mardi s'ouvre un procès historique, il aura lieu au moins jusqu'au 10 novembre donc pour plus de deux mois: celui des attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo, à Montrouge et à l’Hyper Casher. 17 personnes ont perdu la vie, tuées par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, eux-même abattus lors des assauts des forces de l’ordre.

Une opération à laquelle repense souvent Jean-Michel Fauvergue, ancien patron du RAID qui avait dirigé l’assaut contre Amedy Coulibaly à l’Hyper Cacher. 

“Le souvenir que je vais garder et qui me revient, c'est quand on rentre dans l’Hyper Cacher, que l’ensemble des otages sortent. C’est le souvenir d’avoir sauvé ces gens avec les policiers de la BRI et du RAID et tous les autres policiers. Le souvenir d’avoir sauvé 26 vies”, explique-t-il.

Il assure qu’au moment de lancer l’assaut, il sait exactement ce qu’il se passe. Une situation qui ne s’applique pas à toutes les prises d’otages. 

“On connaît l’identité du preneur d’otage. On ne savait pas s’il était seul ou s’ils étaient deux, on a eu un doute à un moment, et on a vérifié lors de l’assaut. On sait qu’il a des explosifs. Mais on ne sait pas exactement combien d’otages il y a, on croyait qu’il y en avait 20 et finalement, il y en avait 26. 
On sait comment opère ce genre d’individu radicalisé et donc on sait qu’il ira jusqu’au bout et qu’il mourra les armes à la main et qu’une reddition ne sera pas possible. La négociation ne sert à rien. Ma problématique, c’était de sauver la majeur partie des otages et il se trouve qu’on a réussi à sauver tous les otages”, détaille-t-il. 

"On a des priorités"

Après l’assaut, comme pour celui mené contre les frères Kouachi à l’imprimerie de Dammartin-en-Goële, beaucoup ont regretté que les terroristes n’ont pas été interpellé vivant pour être présent lors du procès. 

“Ce sont des opérations difficiles et on a des priorités dans des opérations. La première, c’est de sauver les otages. Ensuite, on veut ramener tous les policiers que j’ai sous mon autorité. On a eu cinq blessés légers, et c’est une crainte que j’avais et que j’ai toujours eue. Et comme nous sommes des policiers notre dernière priorité, c’est d’interpeller et de remettre à la justice. Mais dans ce type d’opérations, c’est souvent impossible”, rappelle Jean-Michel Fauvergue.

Il attend du procès qui s’ouvre ce mardi qu’il aille plus loin que les simples faits. 

“J’attends qu’on fasse le procès de la pensée de ceux qui ont fait ça. C’est une véritable identité politique. J’attends qu’on fasse le procès de gens qui se sont attaqués à la République, à notre mode de vie. J’attends qu’on s’attaque à l’islamisme politique, au salafisme, aux Frères Musulmans, à tous ces gens qui s’attaquent à notre manière de vivre et qui nient leur religion elle-même”, appuie celui qui est désormais député LREM de Seine-et-Marne. 
Guillaume Descours