RMC
Police-Justice

"C'est surtout la faute du gouvernement": l'opération Wuambushu, à Mayotte, divise

placeholder video
L'opération Wuambushu, qui vise à expulser les réfugiés en situation irrégulière vivant dans des bidonvilles de Mayotte, pourrait commencer cette semaine. Plus de 1.800 membres de forces de l'ordre sont déjà sur place. Mais cette opération divise.

C'est une opération qui suscite une grande inquiétude à Mayotte. L'opération Wuambushu a été amorcée par le gouvernement français. Elle prévoit de déloger des bidonvilles les réfugiés en situation irrégulière et de les expulser sur l'île voisine des Comores pour lutter contre la délinquance et l'immigration illégale à Mayotte.

L'association "Droit au logement" demande l'arrêt de cette opération. Au total, 1.800 membres des forces de l'ordre sont déjà sur place, dans ce département français très pauvre et en proie à beaucoup de violences.

Sur place, l’opération divise. La peur face aux violences, aux agressions et aux vols, c'est ce que vit Safina Soula, présidente du collectif des citoyens de Mayotte 2018.

“Quand tu vis à Mayotte depuis quelque temps, tu survis. Nous savons que ça ne va pas être facile pour Mayotte, mais néanmoins, on doit laisser cette opération s’effectuer”, explique-t-elle.

Une longue opération?

Pour elle, il faut expulser les réfugiés, mais c'est un amalgame dangereux selon Daniel Gros, représentant de la Ligue des droits de l'homme sur l'île. “Tout le monde s’en prend aux Comoriens sous prétexte qu’ils sont les fauteurs de troubles et les responsables de tous les maux de Mayotte. Mais c’est surtout la faute du gouvernement qui ne s’occupe pas de cette île”, juge-t-il.

Une opération qui interroge aussi sur la méthode. “On peut effectivement s'interroger sur cette manière de donner l’impression de faire des actions coups de poing dans un contexte social extraordinairement tendu. Il y a une dimension structurelle qui ne sera pas réglée en quelques opérations coups de poing”, indique Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité.

À Mayotte, la moitié de la population ne possède pas la nationalité française. L'opération a été validée par Emmanuel Macron en conseil de défense et devrait débuter cette semaine. Elle pourrait durer au moins deux mois.

Clara Gabillet avec Guillaume Descours