RMC

Christian Estrosi s'attaque à Netflix et au film Athena: "C'est grotesque", déplore Charles Consigny

Christian Estrosi, le maire LR de Nice, demande à Netflix de diffuser un message d'avertissement avant le film Athena, qui raconte l'histoire d'une émeute dans une cité. Selon l'élu, ce film favoriserait les attaques au mortier dans sa ville.

Pour le maire de Nice, les sources de la délinquance sont toutes trouvées. Christian Estrosi, l'édile de la ville, a annoncé avoir écrit à la plateforme Netflix pour lui reprocher la diffusion du film Athena réalisé par Romain Gavras, qui inciterait selon lui à la violence.

Dans un communiqué publié vendredi, le maire LR de Nice et son premier adjoint à la sécurité estiment que le film pousserait à des comportements délinquants, notamment aux nombreux tirs de mortier et de feux d’artifice dont sont victimes les habitants de Nice depuis de nombreuses semaines.

"Nous avons écrit à la plateforme : il serait bon de faire preuve d’un peu de sens des responsabilités ! Nous voulons qu’une mise en garde soit diffusée avant la projection du film", assure la mairie dans un communiqué, redoutant "une offensive forte à l’approche des fêtes de fin d’année".

"Nous savons combien ces fêtes sont propices à ce type de provocations, nous ne pouvons pas rester sans agir", ajoute l'équipe municipale.

"Nos hommes politiques doivent se garder de se mêler des œuvres artistiques"

Le film Athena, sorti sur la plate-forme le 23 septembre dernier, raconte l'histoire de trois frères vivant dans une cité en proie à des émeutes d'ampleur après la mort de leur plus jeune frère, prétendument tué par des policiers.

"Peut-être que Christian Estrosi aurait écrit à Francis Ford Coppola pour lui dire que "Le Parrain" donne envie aux gens de faire partie de la mafia, et qu'il se cale sur les exigences du maire de Nice pour faire ses films", ironise dans "Les Grandes Gueules" ce lundi sur RMC et RMC Story l'avocat Charles Consigny.

"Je trouve ça grotesque", ajoute-t-il plus sérieusement. "Nos hommes politiques doivent se garder de se mêler des œuvres artistiques et le cinéma fait partie de ces œuvres. Je me méfie des hommes politiques qui veulent se mêler d'art, cela ne les regarde pas, surtout quand on voit leur pauvreté intellectuelle et culturelle", tacle l'avocat.

"Naïveté abyssale"

Même son de cloche pour l'ex-enseignante Barbara Lefebvre: "Les jeunes ont les réseaux sociaux, ils n'ont pas besoin du film de Romain Gavras. Je poserais la question de savoir si Michel Fourniret a décidé de devenir tueur en série après avoir vu "Le Silence des Agneaux". Il y a suffisamment de problèmes à Nice pour que monsieur Estrosi s'en occupe", appelle-t-elle.

"Ou alors c'est d'une naïveté abyssale, ou alors c'est pour faire parler de soi parce qu'on n'a absolument rien à dire. Les émeutes de 2005, elles ne sont pas le reflet d'un film qui leur a donné l'idée", estime-t-elle.

Une "banalisation" de la violence?

A contrario, l'agriculteur Didier Giraud juge la demande de Christian Estrosi légitime: "On ne peut pas hurler avec les loups quand un commissariat est pris à partie avec des mortiers et cautionner le fait que ces gens-là, dans la vie virtuelle, sont des héros".

"Ce film est filmé du côté des agresseurs et Netflix met globalement la télé et le cinéma dans la banalisation de la violence. On donne le beau rôle à ceux qui jouent les délinquants. Je trouve bien qu'un politique, de temps en temps, s'insurge que l'on donne ce rôle aux délinquants", ajoute l'éleveur de bovins.

Salué par plusieurs critiques à La Mostra de Venise, le troisième film de Romain Gavras, a reçu un accueil plus mitigé de la part des médias français. Des critiques qui n'ont pas empêché le succès du film, avec 6,9 millions de visionnages en une semaine, soit le deuxième long-métrage non anglophone le plus regardé sur la plateforme partout dans le monde.

G.D.