Abbé Pierre: la hiérarchie de l'Église était bien au courant et a caché ses agressions sexuelles

Habituellement il faut attendre 75 ans avant l'ouverture des archives. Mais pour le cas de l'abbé Pierre, visé par de nombreuses accusations de violences sexuelles, l'Église de France a décidé d'ouvrir les archives plus tôt.
RMC a pu consulter les quelque 200 documents qui composent ces archives. Ce sont surtout des lettres, des correspondances entre plusieurs hauts responsables religieux. Manuscrites ou retapées à la machine, désormais rangées dans une épaisse pochette jaunie.
Au cœur de leurs échanges: le cas Henri Grouès, plus connu sous le nom de l’abbé Pierre. À plusieurs reprises, des membres bien placés de l’Église évoquent son comportement problématique.
L'Église a voulu éviter un scandale
Pas ou peu de références directes à des violences sexuelles, c’est évoqué de façon détournée. Le directeur du secrétariat de l’épiscopat, parle, à l’époque, de ses "misères" ou de ses "accidents d’ordre morale". D’autres dignitaires parlent de lui comme d’"un malade", souffrant de maux plus psychologiques que physiques.
En tout cas, beaucoup redoutent le caractère explosif de ce dossier. "Y a-t-il quelque chose à faire pour circonscrire ou empêcher les dégâts de ce scandale", interroge l’évêque de Limoges.
Une instance se penche notamment sur cette question: l’Assemblée des cardinaux et archevêques de France. Parmi les consignes: chaperonner l’abbé Pierre. Par exemple, en l’empêchant de se déplacer en France ou à l’étranger sans prévenir. Un responsable religieux se charge même de faire capoter ses projets de voyages.
À la lecture de ces documents, peu de doutes: des membres importants de l’Église étaient au courant du comportement du prêtre et ont tout fait pour laisser dans l’ombre la face cachée de l’abbé Pierre.