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Faits divers

"C'était l'abbé Pierre, je l'ai vu": quand le fondateur d'Emmaüs fréquentait des prostituées en Suisse

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Accusé de violences sexuelles, l'abbé Pierre était également client de maisons closes suisses selon le témoignage d'une prostituée de Genève, qui assurait dès 1990 avoir croisé le fondateur d'Emmaüs dans son établissement.

L'abbé Pierre, ancienne icône de lutte contre la pauvreté, n'en finit plus de tomber de son piédestal. Alors qu'il est aujourd'hui accusé par 24 femmes de violences sexuelles, les médias suisses ont révélé dimanche la double vie que menait en Suisse le fondateur d'Emmaüs.

C'est la RTS, la Radio télévision suisse, qui a exhumé le témoignage d'une prostituée suisse. "C'était l'abbé Pierre, je l'ai vu", dans une maison close, affirmait en 1990 Grisélidis Réal, une prostituée de Genève, sur le plateau de TF1 devant un public médusé.

À l'époque, on lui rit au nez et elle se fait même cracher dessus dans la rue après cette révélation. Mais ce témoignage, exhumé trente ans après, est une rare trace de l'époque où Henri Grouès, le vrai nom de l'abbé Pierre, était un client régulier des bordels, dans le quartier chaud des Paquis, à Genève.

Des évêques au courant depuis les années 1950

La RTS affirme aussi qu'il aurait eu une liaison avec une femme de la communauté d'Emmaüs Genève, une femme qui l'accompagnait en secret pendant certains de ses déplacements. Contactée par la RTS, la communauté affirme n'avoir pas eu connaissance de ces faits.

Les agissements de l'Abbé Pierre étaient connus depuis des années. C'est ce qu'a assuré, dans une tribune publiée dans Le Monde, le président de la Conférence des évêques de France Eric de Moulins-Beaufort, affirmant que des évêques étaient au courant "dès 1955-1957". Vendredi, c'est le Vatican qui a confirmé avoir été au courant des violences sexuelles, mais après la mort de l'abbé en 2007.

L'abbé Pierre avait été interné en psychiatrie en Suisse en 1957, officiellement pour des raisons de santé. Mais en fait, il y aurait subi un traitement pour "neutraliser les prêtres déviants" selon une enquête de Radio France.

Solène Gardré (avec G.D.)