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Faits divers

Abbé Pierre: "quelques évêques" savaient "dès 1955-57" assure le président des Evêques de France

 L'abbé Pierre, prêtre catholique français, pose au théâtre Eldorado, le 13 décembre 1988, alors qu'il présente sa deuxième pièce "Permis de Vivre".

L'abbé Pierre, prêtre catholique français, pose au théâtre Eldorado, le 13 décembre 1988, alors qu'il présente sa deuxième pièce "Permis de Vivre". - GILLES LEIMDORFER / AFP

"Le comportement grave à l'égard des femmes" de l'Abbé Pierre était connu de certains évêques dès les années 50 assure le président des Evêques de France. Des mesures avait déjà été prise dont une cure psychiatrique pour le fondateur d'Emmaüs.

"Quelques évêques au moins" étaient au courant "dès 1955-1957" du "comportement grave" de l'abbé Pierre envers les femmes", a affirmé lundi dans une tribune au journal Le Monde, le président de la Conférence des évêques de France (CEF) Eric de Moulins-Beaufort.

"Il est désormais établi que, dès 1955-1957, quelques évêques au moins ont su que l'abbé Pierre avait un comportement grave à l'égard des femmes", souligne le président de la CEF, en rappelant que "des mesures ont été prises, dont une cure psychiatrique", et la désignation d'un adjoint (dit "socius") dont le fondateur d'Emmaüs s'est visiblement "ingénié à tromper" la "surveillance".

Ces mesures représentent "une réaction forte au regard des manières de faire de ce temps", souligne Mgr de Moulins-Beaufort.

Par ailleurs, dans ce texte, il "réaffirme le travail de l'Eglise en France pour que la vérité soit faite sur les faits d'agressions et de violences sexuelles, comme aussi sur les faits d'emprise spirituelle, et pour revoir ses fonctionnements".

Des accusations de violences sexuelles depuis les années 50

L'abbé Pierre est visé par une série de témoignages de femmes sur des violences sexuelles commises entre les années 1950 et les années 2000, et pour certaines pouvant relever du viol ou visant des mineures. Emmaüs a depuis ces révélations lancé une commission d'enquête et l'Eglise a ouvert ses archives.

Dans sa tribune, Eric de Moulins-Beaufort "forme aussi respectueusement le voeu que le Vatican se livre à une étude de ses archives et dise ce que le Saint-Siège a su et quand il l'a su", après des propos du pape vendredi affirmant que le Vatican était au courant des accusations de violences sexuelles visant l'abbé Pierre, au moins depuis sa mort en 2007.

L'abbé Pierre surveillé de son vivant car "dangereux pour les femmes"

L'archevêque de Reims souligne aussi que "l'on savait, au moins dans certains cercles d'Emmaüs, l'abbé Pierre étant encore vivant, qu'il devait être surveillé parce qu'il était dangereux pour les femmes qui s'approchaient de lui".

Notant que de nombreux films et ouvrages ont été consacrés à l'abbé Pierre, qu'il a même été consacré "personnalité préférée des Français" dans les années 1990, mgr de Moulins-Beaufort souligne qu'aucune victime n'avait souhaité parler à l'époque.

"Désormais, elles le font" à travers plusieurs cellules d'écoute ou instances de réparation mises en place par l'Eglise. "C'est un immense progrès social", assure l'ecclésiastique qui promet aux victimes de l'abbé Pierre sa "détermination à ce que leur parole produise un effet".

Dans sa tribune, Mgr de Moulins-Beaufort note aussi que "par choix personnel, l'abbé Pierre a presque toujours vécu à distance de tout cadre proprement ecclésial" et que "mettre en cause l'Eglise et le célibat sacerdotal n'est pas à la hauteur" de l'enjeu de société que représentent les violences sexuelles.

G.D avec AFP