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Faits divers

Meurtre de Lina: l'adolescente étouffée avec les lanières d'un "tote bag" selon des analyses

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Deux mois après la découverte dans la Nièvre du corps de Lina, à plus de 800 km de son domicile, on en sait plus sur la mort de l’adolescente qui avait disparu le 23 septembre 2023 à Plaine dans le Bas-Rhin.

La jeune Lina, adolescente disparue en 2023 en Alsace, dont le corps a été retrouvé en octobre dans un cours d'eau près de Nevers, est vraisemblablement morte par "strangulation mécanique", a indiqué jeudi le procureur de la République par intérim de Strasbourg, Alexandre Chevrier.

Les opérations d'autopsie n'ont pas permis "de déterminer formellement la cause du décès", note Alexandre Chevrier dans un communiqué. Néanmoins, certains indices accréditent l'hypothèse selon laquelle l'adolescente de 15 ans a été étranglée avec les lanières d'un sac de type tote-bag.

Dans le rapport d'autopsie, les médecins légistes "ont pris soin de préciser que leurs conclusions devaient être considérées avec une certaine prudence en raison de l'état de dégradation du corps et de son exposition prolongée en milieu aquatique", souligne encore le magistrat.

"Il était néanmoins mis en évidence un sillon horizontal sous le menton, ainsi que la présence d'un tissu entourant la région cervicale et la base du crâne, ces éléments étant en faveur d'une strangulation mécanique à l'aide du tissu découvert", poursuit le communiqué de Alexandre Chevrier.

"Les médecins légistes constataient également la présence de fissures linéaires sur la partie gauche de la région mandibulaire, pouvant résulter d'une action traumatique au niveau de la partie inférieure de la mandibule et au niveau de la partie supérieure du cou. Les analyses du tissu permettaient d'apprendre qu'il s'agissait d'un sac de type tote-bag", indique encore le communiqué.

Pas d'examen gynécologique possible

"Ces éléments tendent à démontrer que le décès résulte d'une manoeuvre d'étranglement à l'aide des anses de ce sac", précise M. Chevrier. Si les analyses permettent d'écarter une mort par noyade, il n'a en revanche pas été possible de "réaliser d'examen ni de prélèvement au niveau gynécologique", poursuit le procureur.

De la même manière, aucune précision n'est donnée sur la date de la mort de la jeune fille. "À ce jour, tous les éléments sont en faveur d'une action solitaire de la part de Samuel Gonin", précise Alexandre Chevrier. Le principal suspect ne pourra cependant jamais répondre aux nombreuses questions qui restent en suspens dans ce dossier puisqu'il s'est suicidé début juillet chez lui à Besançon.

"Par ailleurs, diverses analyses sont toujours en cours et les investigations se poursuivent", indique le procureur, anticipant la clôture de l'information selon toute probabilité "à la fin du premier semestre 2025".

"Les résultats obtenus dans cette affaire résultent de la qualité exceptionnelle du travail des enquêteurs de la section de recherches de Strasbourg et des experts de l'IRCGN" (l'institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale), salue M. Chevrier

Lina avait disparu le samedi 23 septembre 2023 en fin de matinée. Elle avait quitté son domicile de Plaine (Bas-Rhin), petite commune au pied du Massif des Vosges, pour se rendre à la gare de Saint-Blaise-la-Roche, distante d'environ trois kilomètres. Elle devait prendre le train pour retrouver son petit ami à Strasbourg, à une soixantaine de kilomètres de là.

500 kilomètres

Dans les jours suivants, plusieurs battues sont organisées dans le secteur, auxquelles des centaines de volontaires participent, sans résultat. Une information judiciaire pour "enlèvement ou séquestration de plus de sept jours" est ouverte.

Quelques mois plus tard, les enquêteurs de la section de recherche de Strasbourg repèrent dans les enregistrements des caméras de surveillance un véhicule suspect qui se trouvait à proximité du lieu de disparition de Lina.

Fin juillet, le parquet de Strasbourg annonce une "avancée majeure" dans le dossier: le "profil génétique" de Lina a été détecté dans une voiture retrouvée près de Narbonne. Samuel Gonin, un homme de 43 ans sans antécédent judiciaire et identifié comme le conducteur de la voiture volée, devient le principal suspect de l'enquête.

Après de nouvelles recherches menées dans les Vosges et en Haute-Saône dans l'espoir de localiser la jeune fille, le corps de l'adolescente est finalement retrouvé dans un cours d'eau à Sermoise-sur-Loire, dans la Nièvre, à près de 500 kilomètres du lieu de sa disparition. Contacté, l'avocat de la mère de Lina, Matthieu Airoldi, n'a pas souhaité faire de commentaire.

Pierre Bazin avec AFP