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Audition de François Bayrou dans l'affaire Bétharram: "Il a sa responsabilité", estiment les victimes

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Le Premier ministre François Bayrou est auditionné, mercredi après-midi, par la commission d'enquête dans l'affaire des violences physiques et sexuelles commises à Bétharram. Les victimes attendent beaucoup de cette audition.

Jour de vérité pour François Bayrou. Le Premier ministre sera auditionné, mercredi à 17 heures, par la commission d'enquête dans l'affaire Bétharram. Depuis les révélations, le ministre de l'Éducation à l'époque des faits a livré des versions confuses sur ce qu'il savait ou non de cette affaire de violences physiques et sexuelles au sein de l'établissement privé catholique.

Cette audition est très attendue par l'ensemble des victimes, qui souhaitent "juste la vérité", commente Alain Esquerre, le porte-parole des victimes de Bétharram. Ce dernier est persuadé que François Bayrou a fermé les yeux face à l'ampleur des violences commises au sein de l'établissement catholique.

"Il a sa responsabilité et il faut qu'il s'en explique, dire 'à cette époque-là, je n'ai pas été vigilant', au lieu d'avoir ce discours presque de déni."

François Bayrou sera interrogé, sous serment, pour lever plusieurs zones d'ombres qui planent sur son éventuelle responsabilité. Notamment sa connaissance ou non des violences physiques et sexuelles au sein de l'établissement, car si le Premier ministre maintient n'en avoir jamais été informé, une ancienne professeure de Notre-Dame-de-Bétharram assure l'avoir alerté dès 1995 alors qu'il était ministre de l'Éducation nationale.

Le locataire de Matignon sera également questionné sur sa potentielle intervention lors de la première affaire de viol visant l'institut Bétharram. Le juge d'instruction de l'époque a notamment affirmé que le Premier ministre était venu le voir chez lui prendant plusieurs heures à propos de ce dossier. Un épisode d'abord nié par François Bayrou, qui a ensuite parlé "d'une rencontre fortuite, sans aucun lien avec cette affaire".

Identifier toutes les responsabilités

De nombreuses questions restent en suspend. Que savait le Premier ministre à l'époque ? A-t-il interféré dans l'affaire ? Les réponses à ces questions pourraient permettre, selon Alain Esquerre, d'établir l'enchaînement des erreurs politiques qui se sont répétées pendant des années. "Bétharram, ça remonte aux années 30 maintenant. Le problème est systémique et il est resté pendant des années en place", raconte le porte-parole des victimes.

Selon ce dernier, l'enjeu de cette commission d'enquête n'est pas de faire le procès d'un seul homme, mais d'identifier tous les acteurs qui ont failli. Il pointe "la responsabilité du diocèse, de l'Église, de tous les agresseurs de Bétharram, de toute cette communauté enseignante qui n'a rien dit."

L'objectif au fond, pour Alain Esquerre, est que l'affaire Bétharram ne se reproduise jamais. Il se félicite déjà de la récente augmentation des contrôles au sein des établissements privés.

Julie Brault (avec TRC)