Contrôle des écoles privées sous-contrat: l’enseignement catholique déplore le "climat de suspicion"

Après l'affaire des violences physiques et sexuelles commises dans l'établissement catholique de Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques, la question des contrôles des établissements privés sous-contrat est devenue un sujet d'importance au sein du gouvernement.
La ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, a promis un vaste plan "Brisons le silence, agissons ensemble" pour organiser une remontée systématique des faits de violence, mieux recueillir la parole des élèves et renforcer les contrôles. Plusieurs mesures sont envisagées dans ce dernier. Presque la moitié des 7.200 établissements concernés sera contrôlée dans les deux prochaines années.
Une mission d'appui va également être lancée au sein de l'inspection générale, "qui interviendra aux côtés des équipes académiques pour les situations particulièrement problématiques".
Un accueil mitigé
Des mesures saluées par Hélène Laubignat, présidente de l'Association des parents d'élèves de l'enseignement libre:
"Nous sommes sous contrat d'État, donc c'est normal que nous répondions aux exigences de l'État. Je ne vois pas pourquoi l'enseignement privé échapperait aux contrôles."
Encore faut-il qu'il y ait assez de personnel pour assurer ces derniers. "Sans moyens supplémentaires, impossible d’atteindre les objectifs fixés", explique le syndicat des inspecteurs de l'Éducation nationale. Il faudra peut-être plus que les 60 agents annoncés par Elisabeth Borne.
Les déclarations de la ministre sont par contre accueillies froidement par le secrétaire général de l'enseignement catholique Philippe Delorme. Ce dernier "favorable aux contrôles" déplore le "climat de suspicion" qui règne depuis l'affaire Bétharram.
"Un climat de suspicion sous-entendant que nos établissements d'aujourd'hui seraient les Bétharram d'hier, c'est vraiment insupportable."
Il reconnaît en tout cas plusieurs mesures intéressantes comme ce questionnaire anonyme distribué aux élèves internes chaque trimestre pour détecter d’éventuels abus. Des faits qui devront ensuite être remontés via une application d'alerte qui existe déjà dans le public.
Notre-Dame de Bétharram contrôlée dès ce lundi
Des contrôles vont notamment être réalisés dès ce lundi à Notre-Dame de Bétharram, où plus de 150 signalements de faits de violences physiques et sexuelles ont été déposées depuis un an.
Les inspecteurs de l’Académie de Bordeaux seront plus nombreux que d’habitude. Ils seront 5 à 6 contre 2 ou 3 en temps normal. Différents points seront vérifiés pendant ce contrôle, comme le respect du programme pédagogique, celui des valeurs de la république ou encore de la liberté de conscience des élèves.
Surtout, les inspecteurs vérifieront les conditions de vie de ces derniers. Pendant plusieurs jours, ils mèneront des entretiens avec certains d’entre eux, contrôleront les règlements intérieurs, ou encore la vie en internat. Ils tenteront de s’assurer que les faits qui ont été commis pendant plusieurs dizaines d’années dans cet institut ne se reproduisent pas aujourd’hui.
Mais cette inspection arrive beaucoup trop tard pour certaines victimes présumées de l’affaire Bétharram: "Tout cela est très politique. Cela fait 30 ans qu’il n’y pas eu de contrôle, il fallait agir avant", s’énerve l’une d’entre elle qui espère tout de même que ces inspections rassureront les générations futures.