"C’était vraiment l’anarchie": des habitants de Romans-sur-Isère inquiets de la montée de violences

Les tensions montent à Romans-sur-Isère, une semaine après la mort de Thomas lors d'un bal à Crépol, dans la Drôme. Dimanche, malgré l'interdiction, une quarantaine de militants identitaires se sont rassemblés au centre de Romans-sur-Isère et ont été dispersés par les forces de l'ordre. Sept personnes ont été interpellées, dont trois militants d'ultradroite et quatre jeunes du quartier de La Monnaie, dont sont originaires certains des suspects impliqués dans le drame de Crépol.
Samedi soir déjà, entre 80 et 100 individus cagoulés, venus de différentes villes, ont tenté de pénétrer dans le quartier de la Monnaie. Les forces de l'ordre les ont repoussés difficilement, et cinq CRS ont été blessés. Des habitants ont été pris pour cible cette nuit-là.
Le préfet de la Drôme dénonce "une tentative d'intimidation inacceptable", "une expédition punitive". Le procureur de la République de Valence a lancé un appel au calme dimanche soir. Au total, 24 personnes ont été placées en garde à vue depuis vendredi en lien avec ces deux épisodes.
Les habitants redoutent le pire pour la suite. Parmi les habitants du quartier de la Monnaie, certains étaient en ville au moment du rassemblement des militants d’extrême droite.
“Je vois 50 personnes cagoulées qui crient ‘islam hors d’Europe’. Nous, on se sent concernés, on est musulman”, indique un habitant.
“Je devais aller chercher ma grand-mère pour l’amener chez moi et on a vu des gens par terre en train de se frapper. C’était vraiment l’anarchie”, assure un autre.
"Ça ne va faire qu'empirer"
En effet, des jeunes ont également été pris à partie. Comme le frère d’Elhany. “Il m’a dit qu’ils étaient au moins 10 ou 20. Il s’est pris un coup de batte de baseball par derrière. Il m’a dit qu’il s’était fait piétiner, il saignait de la bouche et était ouvert de la lèvre”, décrit-il.
Un militant identitaire a aussi été tabassé et son véhicule incendié. Rendre coup pour coup, selon cet habitant de Romans-sur-Isère. “On ne va pas se laisser faire quand même. Ils viennent de 400 km pour faire une guerre aux quartiers. On se défend juste nous. Ça ne va faire qu’empirer”, assure un habitant du quartier de La Monnaie.
Dans la ville, ce cycle de violences inquiète. Arielle, par exemple, redoute les prochains jours.
“Si ces militants continuent à être aussi virulents, après ça peut être les jeunes de quartier qui vont vouloir se venger aussi. Donc on en arrive où? À une guerre civile?”, questionne-t-elle.
Face aux tensions, des brigades de CRS ont été déployées dans le centre-ville et dans le quartier de la Monnaie.