Émeutes en Nouvelle-Calédonie: 3.200 personnes bloquées en l'absence de vols

Des soldats français déployés à l'aéroport de Nouméa, le 17 mai 2024. - DELPHINE MAYEUR / AFP
Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a recensé 3.200 personnes bloquées en raison de l'absence de vols commerciaux au départ de et vers l'archipel, a-t-il annoncé samedi 18 mai.
D'après "les chiffres qu'ont donnés les deux compagnies aériennes" desservant régulièrement la Nouvelle-Calédonie, ce sont "3.200 personnes au total" qui soit ne peuvent quitter l'archipel, soit ne peuvent y revenir, a indiqué lors d'une conférence de presse à Nouméa un porte-parole du gouvernement, Gilbert Tyuienon.
Date de reprise des vols incertaine
Ces vols commerciaux sont suspendus depuis mardi en raison des émeutes qui ont embrasé ce territoire français du Pacifique sud. La reprise du trafic est à ce stade programmée mardi par Aircalin, mais cette date est très incertaine, car elle est soumise à l'évolution des conditions de sécurité. Air Calédonie, pour sa part, ne propose plus de vols "jusqu'à nouvel ordre".
"Aircalin assure l'hébergement en ce moment de certains [habitants de Nouvelle-Calédonie] qui sont bloqués à Singapour ou à Tokyo", a expliqué Vaimu'a Muliava, membre du gouvernement chargé de la fonction publique. "On ne pourra pas le faire ad vitam aeternam. C'est pour cela qu'on dit: un jour de plus, c'est un jour de trop", a-t-il ajouté.
Le gouvernement local est propriétaire à 99% d'Aircalin et à 50,3% d'Air Calédonie. L'Australie et la Nouvelle-Zélande travaillaient samedi à la préparation pour ramener leurs ressortissants depuis la Nouvelle-Calédonie.
"Des gens meurent déjà, non pas à cause des conflits armés, mais parce qu'ils n'ont pas accès aux soins, pas accès à l'alimentation", s'est ému lors d'une conférence de presse à Nouméa le ministre local de la Fonction publique, Vaimu'a Muliava. "Il y a des gens dialysés, qui devaient être dialysés, qui ont trouvé la mort", a-t-il affirmé.
"Libérez les routes, laissez les médecins, les infirmiers aller sauver les gens. Laissez les gens circuler", a exhorté M. Muliava, au sixième jour de cette crise. "Un jour de plus, c'est le jour de trop", a-t-il encore déclaré, estimant que la population calédonienne est "en train de s'entretuer".
Malgré les nombreux magasins et les commerces incendiés ou pillés, les routes barrées, la Nouvelle-Calédonie n'est pas victime de "pénurie", a également assuré ce membre du gouvernement local, "mais (elle) le deviendra si on continue sur cette voie destructrice". Le gouvernement calédonien a appelé "à la raison".
Si la "misère sociale qui s'exprime" est compréhensible, a dit Vaimu'a Muliava à l'adresse de la jeunesse, avec les destructions d'entreprises et d'infrastructures, "vous vous punissez vous-mêmes".