Regain du trafic de drogue à Villeurbanne: "On n'a pas le droit de lâcher", clame le maire

Les opérations "Place nette" sont-elles rééllement efficaces? Initiées par l'ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmarnin, elles ont pour vocation à déployer un important dispositif policier afin de "nettoyer" certains quartiers des points de deal, qui mettent à mal la vie des habitants.
Ces opérations sont très souvent médiatisées, à l'époque par le ministre lui-même, et avec des bilans chiffrés. Pour autant, certains riverains, à l'instar de ceux du quartier du Tonkin à Villeurbanne (Rhône), interrogés par BFM Lyon, déplorent désormais un effet trop temporaire et constatent le retour des trafiquants.
Les habitants se sont "sentis en vacances"
Le maire de Villeurbanne, Cédric Van Styvendael, interrogé ce mercredi dans Les Grandes Geules sur RMC, a reconnu un phénomène de "reconstitution" des points de deal. L'élu n'a cependant pas voulu "griller toutes les étapes", rappellant les progrès réalisés. "J'y suis retourné en mai avec le commissaire, je ne m'étais fait jamais applaudir dans un quartier autant touché par le trafic de drogue."
Les opérations "Place nette" auraient permis aux habitants, selon l'élu, de "se sentir en vacances". "Ce sont des môts extrêmement forts", a-t-il souligné.
Pour le maire PS, les opérations ont marché et prouvent "qu'on arrive à répondre à ce problème" mais, pour lui, "on n'a pas le droît de lacher", a-t-il martelé. "Je pense qu'il faut qu'on rappelle qu'à un moment, ça a marché".
"J'attends que Bruno Retailleau tienne les engagements de Gérald Darmanin"
Et si les habitants du Tonkin ont constaté une baisse de la présence policière, l'élu leur emboîte le pas, rappelant ainsi la promesse de Gérald Darmanin de dôter la ville d'une Brigade de sécurité territoriale, composée de 12 hommes dédiés à la sécurisation du quartier. "Cette vacance de la police pose un problème [...] J'attends que Bruno Retailleau tienne les engagements de Gérald Darmanin", a-t-il déclaré.
Interrogée par BFM Lyon, la préfecture assure que la "police est toujours présente au Tonkin", rappelant que "son action est visible et parfois moins visible". "Elle est toujours déterminée à lutter contre ces trafics", a-t-elle assuré.
Au micro des Grandes Gueules, Cédric Van Styvendael a tenu à rappeler son bilan, afin de justifier selon lui sa lutte contre le trafic de drogue. Depuis son élection en 2020, il a ainsi déclaré avoir multiplié par 2 les effectifs de police municipale et multiplié par 4 les caméras de vidéosurveillance. L'élu continue à réclamer davantage de moyens, demandant à ce que "l'on traite Villeurbanne comme n'importe quelle autre grande ville".
Les consommateurs pointés du doigt
Si le maire a assumé de cibler les "réseaux mafieux organisés et armés" et faire de la prévention à propos des mineurs, qui peuvent parfois se retrouver à dealer, Cédric Van Styvendael a également tenu à rappeler, selon lui, la responsabilité des consommateurs, à l'instar des propos tenus par Gérald Darmanin, Eric Dupond-Moretti ou Bruno Retailleau. "Ils faut qu'ils se rendent comptent qu'ils génèrent le trafic", a-t-il pointé du doigt.
Jérôme, auditeur des Grandes Gueules et habitant dans le Morbihan, n'a pas caché être un "consommateur occassionnel récréatif de cannabis". Selon lui, les opérations Place nette ne sont pas véritablement la solution, citant sa situation. "J'habite dans un petit hameau à côté de Vannes, je vais sur Snapchat et je me fais livrer en scooter". Il y voit le symbole d'un "combat perdu", puisque certains trafiquants décideront, toujours selon lui et comme il le constate près de Vannes, de s'éloigner des grandes centres urbains.
Expansion du trafic, des autres quartiers touchés
Mais justement, l'expansion d'un tel trafic peut ainsi transformer un quartier, jusqu'à présent inconnu pour trafic de drogue, une nouvelle plaque tournante. Dans le quartier Gratte-ciel, à Villeurbanne, les stupéfiants ont pris place ces dernières années, au grand damn du fils de Patrick, auditeur des Grandes Gueules.
"Ça a commencé avec un appartement de sa copropriété, au rez-de-chaussé. Il a été squatté. Puis il a commencé à voir des échanges, sans savoir ce qu'il se passait", a-t-il raconté. Au point qu'aujourd'hui, son fils "est en train de déménager". Agacé, Patrick a appelé le maire de Villeurbanne à "prendre un logement au Tonkin, il verra comment c'est exactement de vivre là-bas."