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La journaliste Ariane Lavrilleux en garde à vue, le gouvernement refuse de s'exprimer

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Logo de la DGSI - Gérard Julien

Après la perquisition et le placement en garde à vue de la journaliste Ariane Lavrilleux, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a botté en touche sur le sujet à l'issue du conseil des ministres. Mardi, la journaliste qui avait révélé un possible détournement égyptien d'une opération de renseignement française dans le pays, avait été visée par une perquisition et une garde à vue.

La journaliste Ariane Lavrilleux, co-autrice d'un article qui a révélé fin 2021 un possible détournement égyptien d'une opération de renseignement française dans le pays, a été visée par une perquisition et placée en garde à vue mardi, selon le média Disclose qui a publié son article à l'époque.

Une source proche du dossier a confirmé à l'AFP qu'une juge d'instruction menait ces opérations, "compte tenu de son statut de journaliste".

Par ailleurs, un ancien membre de l'armée a également été placé en garde à vue dans cette affaire, a précisé la source proche du dossier, confirmant une information du site Mediapart.

Ces auditions ont lieu dans le cadre d'une information judiciaire en cours depuis juillet 2022, ouverte par le parquet de Paris pour compromission du secret de la Défense nationale et divulgations d'identité de militaires et confiée à la DGSI, a confirmé cette source.

Dans la foulée, plusieurs sociétés de journalistes (SDJ) de différentes rédactions ont dénoncé "une atteinte au secret des sources" et "à la liberté d'informer"

Agacé, Olivier Véran botte en touche

Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a refusé mercredi de répondre à une question concernant la journaliste Ariane Lavrilleux.

"La nature de votre question n'est pas adaptée au contexte" du compte-rendu du Conseil des ministres, a répondu le ministre à une journaliste qui lui demandait s'il est "normal qu'une journaliste passe une nuit en cellule dans une démocratie".

"Je porte la parole du gouvernement donc quand je dois dire les choses, je dis les choses avec la certitude que c'est la parole gouvernementale et qu'on a les éléments nécessaires pour cela", s'est défendu Olivier Véran, promettant de "répondre dans un autre contexte". "Je vous dis juste: ici, c'est un lieu institutionnel", a-t-il tranché après plusieurs relances.

Des forces françaises impliquées dans des bombardements contre des civils en Egypte?

Dans une enquête publiée en novembre 2021, le média Disclose avait affirmé que la mission de renseignement française "Sirli", commencée en février 2016 au profit de l’Égypte au nom de la lutte antiterroriste, avait été détournée par l’État égyptien. Ce dernier se servait des informations collectées pour effectuer des frappes aériennes sur des véhicules de contrebandiers présumés, à la frontière égypto-libyenne.

Selon les documents obtenus par Disclose, "les forces françaises auraient été impliquées dans au moins 19 bombardements contre des civils, entre 2016 et 2018 "dans cette zone".

Malgré les inquiétudes et alertes de certains responsables sur les dérives de l'opération, les autorités françaises n'auraient pas remis en cause la mission, d'après Disclose, citant des documents secrets. A la suite de cette publication, le ministère français des Armées avait porté plainte pour "violation du secret de la Défense nationale".

G.D. avec AFP