RMC

Mauvais regard, cigarette refusée... A Marseille, les violences "gratuites" explosent

Les actes de violence gratuite ont augmenté de 20% à Marseille entre 2019 et 2021. Des agressions pour des motifs futiles que les auteurs eux-mêmes ne parviennent à expliquer. Un casse-tête pour la justice qui, sans motif, n'a pas de piste pour désamorcer ces violences.

Un coup de poing pour un mauvais regard, un coup de couteau pour une cigarette refusée. A Marseille, les violences gratuites explosent. Selon le bilan de la délinquance de la préfecture de police des Bouches-du-Rhône, les violences physiques non-crapuleuses ont bondi de 20,8% en 2021 par rapport à 2019, avec 9.648 faits contre 7.989.

Des violences gratuites souvent perpétrées par des jeunes, affirme à RMC Sébastien Greneron, du syndicat de police Alliance des Bouches-du-Rhône: "Vous marchez dans la rue, votre tronche ne revient pas à tel ou tel jeune qui veut faire régner la terreur et ça enchaîne une violence qui peut être verbale voire physique et très violente. Ces gens-là n'ont peur de rien, ils veulent juste massacrer des gens qui ne leur ont rien fait".

>> A LIRE AUSSI - 300 euros par jour dès 13 ans, une nouvelle génération ultraviolente: un ancien dealer marseillais témoigne sur RMC

"Une criminalité sans mobile, ça prive la justice de la recherche de causes"

Des violences particulièrement inquiétantes car leurs auteurs n'ont souvent aucun mobile et peuvent frapper à tout moment, explique Victor Gioia, avocat à Marseille.

"C'est une forme de criminalité qui ressemble à une forme d'expression: 'Je te montre de quoi je suis capable'. Il n'y a pas d'explication, eux-mêmes ne sont pas capables de l'expliquer. Une criminalité sans mobile, ça prive la justice de la recherche de causes pour essayer de les désamorcer. Et ça inquiète la population. C'est se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment", assure-t-il.

Seule solution, permettre à la justice de sanctionner les auteurs de ces actes immédiatement pour éviter que s'installe un sentiment d'impunité dans la cité phocéenne, préconise un autre syndicat de policiers marseillais.

Ces faits de violences gratuites dépassent désormais le nombre de cambriolages (7.568). La préfecture recense plus de 25 faits de violences gratuites par jour à Marseille. Dans le même temps pourtant, la délinquance ne cesse de reculer depuis 2012 avec -19,5% pour les atteintes aux personnes et -30,5% pour les atteintes aux biens.

>> A LIRE AUSSI - "Je suis obligé, c'est un travail": comment Karim, dealer marseillais repenti, est retombé dans le trafic

Jean-Baptiste Bourgeon (avec Guillaume Dussourt)