"Mettez-nous une p***** de sécurité pour les petits!": la terreur des habitants d'une cité de Cavaillon après deux fusillades
Forte émotion à Cavaillon dans la cité du docteur Ayme où des détonations ressemblant à des coups de feu ont semé la panique mardi, en fin de matinée chez les habitants.
Deux écoles et un collège ont été confinés pendant plus de deux heures. Aucune interpellation n’a été effectuée, ni aucune douille retrouvée, mais les habitants sont traumatisés après plusieurs fusillades dont les deux dernières sont survenues au mois d’août.
>> A LIRE AUSSI - Sécurité, écoles, logement, transports: ce qu'il faut retenir du plan d'1,5 milliard d'euros pour Marseille
Derrière son balcon du premier étage protégé intégralement par un grillage, Danielle, 72 ans, est traumatisée par les détonations qu’elle vient d’entendre. Pour elle, c’était encore des tirs dans la cité.
“J’étais dans la cuisine, ça a tiré et ça m’a fait peur. Je n’ai vu personne, mais ça tirait vraiment fort. J’ai fermé ma fenêtre et je me suis un peu camouflée parce que je ne sais pas d’où viennent ces balles", indique Danielle, 72 ans, habitante cité du Dr Ayme.
La peur, voire la panique, c’est aussi ce qui a gagné cette mère de famille qui a tenu à rester anonyme et dont les trois enfants ont été confinés dans leur établissement pendant plus de deux heures.
“J’avais les jambes qui tremblaient. Moi, j’ai un fils de 13 ans normalement il rentre tout seul di collège. Depuis le mois de juin on crie ‘mettez-nous une putain de sécurité pour les petits”, sanglote cette mère de famille, qui habite cité Ayme.
La cité Ayme, ce sont aussi des bâtiments vétustes où vivent 2000 habitants et d’où les services publics, comme le centre social ou la caisse d’assurance-maladie, ont déménagé fin août à cause de l’insécurité.
Une situation provisoire
Du coup, Fatima, mère de deux enfants, se sent carrément abandonnée. "Ils sont partis loin et maintenant sans voiture pour aller là-bas, c’est compliqué. Parce qu’il faut inscrire les enfants pour les devoirs, pour les activités… Je ne comprends pas”, avoue Fatima.
Et parmi les personnes inquiètent, il y a aussi les soignants. "Le stress est permanent, il faut être sur qui-vive, être prêt à partir en courant à tout moment", explique au micro de RMC Jean-Thomas Bailly, président de la communauté professionnelle territoriale de santé du pays des Sorgues et du Luberon
Seule la protection judiciaire de la jeunesse est restée dans la cité Ayme et aujourd’hui ses agents se sentent bien seuls comme le confie Vincent Fritsch, délégué syndical FSU.
“Bien sûr que les gens ont peur. On a des collègues qui ont vu des tirs, des voitures qui partaient en trombe. À un moment donné, on n’est pas des héros. La situation est totalement folle. Il y a des familles, des enfants qui vivent dans ces quartiers. On ne peut pas les laisser à l’abandon. Cette situation ne peut pas durer”, indique-t-il.
Pour le maire de Cavaillon Gérard Daudet, il n’y a pas de désertion des services publics, mais un déplacement provisoire, en attendant que la violence se calme.
“Ils n’ont pas déserté les quartiers, loin s’en faut. On les a déplacés d’un côté où c’était un peu plus calme. Bien sûr, ils reviendront dès que les services de l’Etat et notamment le préfet m’assureront de la sécurité revenue”, appuie-t-il.
En août dernier, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin était venu annoncer le renfort de cinq policiers dans la ville.