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Police-Justice

Nanterre: un homme porte plainte à l'IGPN, accusant la police de l'avoir éborgné avec un tir de LBD

L'IGPN (PHOTO D'ILLUSTRATION)

L'IGPN (PHOTO D'ILLUSTRATION) - Stéphane de Sakutin - AFP

Un homme de 24 ans dit avoir été victime d'un tir de LBD de la part des policiers le 30 juin à Nanterre et a porté plainte. Il aurait perdu l'usage de son oeil.

Un homme a déposé plainte contre X lundi à l'IGPN, la police des polices, accusant un policier de l'avoir éborgné avec un tir de LBD le soir du 30 juin après la marche blanche en hommage à Nahel, a appris l'AFP mercredi auprès de son avocat.

Virgil R. est "dans l'incompréhension totale, il ne comprend pas pourquoi on lui a tiré dans l'oeil", "sans raison aucune", a déclaré à l'AFP Me Arié Alimi.

"Ca change toute ma vie", a raconté Virgil R. au journaliste et militant Taha Bouhafs, qui a révélé l'affaire sur le site d'information Blast.

Contacté par l'AFP, le parquet de Nanterre n'était pas joignable dans l'immédiat.

Au niveau de l'oeil gauche

Dans sa plainte pour violences par personne dépositaire de l'autorité publique, consultée par l'AFP, Virgil R., 24 ans, raconte qu'il marchait dans une rue de Nanterre aux alentours de minuit après avoir assisté à la marche blanche en hommage au jeune Nahel, tué par un policier lors d'un contrôle routier le 27 juin dans la ville.

Il a alors croisé un petit groupe de policiers qui, d'après sa plainte, l'ont interpellé en lui disant "oh toi là", avant de lui dire "casse-toi". Quelques instants après, il a reçu un projectile au niveau de l'oeil gauche, a-t-il expliqué. Ancien militaire, il a précisé avoir immédiatement reconnu le bruit d'un tir de lanceur de balles de défense (LBD).

Le jeune homme a ensuite raconté s'être enfui, le visage en sang, puis avoir croisé des personnes en train de discuter près d'un immeuble avant de s'évanouir. Quand il a retrouvé ses esprits, il se trouvait sur un scooter entre deux personnes qui l'ont déposé à l'hôpital de Colombes, d'où il est sorti le 4 juillet.

Il a précisé dans sa plainte que les médecins lui avaient dit qu'il ne pourrait pas récupérer son oeil.

L'IGPN saisit de 21 enquêtes

"Il va avoir ça toute sa vie, c'est un vrai bouleversement", a insisté Me Alimi.

Son client souffre aussi d'un traumatisme à la mâchoire, ainsi que d'acouphènes et d'une légère perte d'audition à l'oreille gauche, selon la plainte. Me Alimi accuse les policiers de ne pas s'être préoccupés de l'état de santé de Virgil R. après ce tir.

"C'est un schéma similaire aux (manifestations des) 'gilets jaunes', où les policiers ont visé la tête pour éborgner", a-t-il aussi souligné.

La cheffe de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), Agnès Thibault-Lecuivre, a annoncé mercredi devant la commission des Lois de l'Assemblée nationale que son service était actuellement saisi de 21 enquêtes "de nature et de gravité très différente" sur les agissements des forces de l'ordre lors des manifestations et violences ayant suivi la mort de Nahel.

AB avec AFP