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Affaires Quatennens: "La réaction aurait dû être beaucoup plus importante", selon Mathilde Viot

Depuis plus d'une semaine, plusieurs hauts dirigeants des partis de gauche sont empêtrés dans des affaires de violences faites aux femmes. Ils ont, depuis, été mis en retrait de certaines de leurs fonctions. Des décisions insuffisantes pour Mathilde Viot, cofondatrice de l'Observatoire des violences sexuelles et sexistes en politique, invitée sur RMC et RMC Story, ce mercredi 21 septembre 2022.

"Le fait qu'Adrien Quatennens reste envoie un signal à la société toute entière, que ces violences ne méritent pas démission et qu'on peut rester représentant de la nation en ayant reconnu avoir frappé son épouse", dénonce Mathilde Viot, cofondatrice de l'Observatoire des violences sexuelles et sexistes en politique, invitée sur RMC et RMC Story, ce mercredi 21 septembre 2022.

Depuis plus d'une semaine, c'est la panique à La France insoumise. L'épouse d'Adrien Quatennens, numéro 2 du parti, a déposé une main courante dans laquelle elle fait part d'épisodes de violence de la part de son époux. Si elle ne souhaitait pas porter plainte, le parquet en a quand même été informé, comme c'est souvent l'usage, et une enquête a été ouverte.

Dans un communiqué publié le 18 septembre, le député a reconnu plusieurs faits de violence. Le même jour, il a annoncé sa mise en retrait de ses fonctions de coordinateur de la France insoumise.

Insuffisant pour Mathilde Viot. "Étant donné le fléau face auquel on se trouve, la réaction aurait dû être beaucoup plus importante de sa part", affirme-t-elle.

La cofondatrice de l'Observatoire rappelle qu'en "2020, 139.200 femmes ont fait l'objet de violences conjugales, selon des statistiques officielles". Dans la réalité, "c'est probablement plus" parce que certaines ne sont pas connues. Elle ajoute: "on est face à un problème de société qui est massif et qui commence à émerger un peu dans le débat public".

À la suite de la médiatisation de cette affaire, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé, dans un tweet, "la malveillance policière, le voyeurisme médiatique, les réseaux sociaux". Il a, aussi, salué "la dignité" et "le courage" d'Adrien Quatennens.

Des mots qui ont suscité l'indignation d'une grosse partie de la classe politique, même chez certains de LFI. Pour autant, Mathilde Viot explique qu'il n'est pas le premier à réagir ainsi. "On a vu Emmanuel Macron venir en défense de Gérald Darmanin, on a vu Stanislas Guerini venir en défense de Jérôme Peyrat, exactement avec des termes similaires. On a une classe masculine qui arrive en défense systématique du copain mis à mal", déplore-t-elle.

Autre affaire qui secoue la gauche, des accusations de violences psychologiques contre Julien Bayou, le patron des écolos. Interrogée sur une potentielle enquête interne à Europe Écologies-Les Verts, Sandrine Rousseau a confirmé qu'elle était en cours, lors de l'émission C à Vous lundi.

"J'ai reçu très longuement chez moi l'ex-compagne de Julien Bayou et je pense qu'il y a des comportements qui sont en effet de nature à briser la santé morale des femmes", a affirmé la députée écologiste.

Mardi soir, il a été mis en retrait de ses fonctions de co-président du groupe EELV à l'Assemblée nationale, dans l'attente des conclusions de l'enquête.

Il n'a pas encore réagi mais selon nos informations, il a demandé à quatre reprises d'être entendu par la cellule interne du parti, sans succès, trois fois en juillet, une fois début septembre.

Pour Mathilde Viot, il y a plein de questions.

"La cellule de veille EELV était au courant depuis plusieurs mois de cette situation. Pour l’instant, on n’a pas eu de transparence sur la façon dont le parti a pris en considération cette question", explique-t-elle.

Cependant, elle estime que la réaction de Sandrine Rousseau est normale. "Nous, l’objectif, c’est justement de faire en sorte qu’on arrête d’avoir des gens qui viennent en défense du parti."

Elle conclut: "Elle est face à une inertie de son propre parti et c’est aussi ça qu’elle dénonce lorsqu’elle prend la parole à ce moment-là".

AB