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Bernard Cazeneuve reçu par Emmanuel Macron: un air d'entretien d'embauche pour Matignon

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Quarante-huit jours après la démission de Gabriel Attal et de son gouvernement, on voit peut-être le bout du tunnel à la crise politique. Emmanuel Macron reçoit ce lundi ses prédécesseurs Francois Hollande et Nicolas Sarkozy ainsi que deux prétendants à Matignon, Xavier Bertrand mais aussi et surtout Bernard Cazeneuve.

Est-ce le dénouement ou une simple étape supplémentaire dans les consultations menées à l'Élysée en quête d'un nouveau Premier ministre? Emmanuel Macron reprend en tout cas dès ce lundi matin ses consultations, 48 jours après la démission de Gabriel Attal et son équipe.

Seront successivement reçus à partir de 8h45 Bernard Cazeneuve, François Hollande, Nicolas Sarkozy et Xavier Bertrand cet après-midi.

Parmi ces personnalités, il y en a une qui semble être de première importance: l'ancien socialiste Bernard Cazeneuve, dont le nom circule avec insistance ces derniers jours pour prendre la tête du futur gouvernement. En recevant l’ancien ministre de l’Intérieur et Premier ministre de François Hollande, Emmanuel Macron donne ce lundi matin de la consistance à ce qui n'était qu'une hypothèse jusqu'alors.

Cet échange avec d'un côté le recruteur, Emmanuel Macron, et de l'autre le candidat, Bernard Cazeneuve, c’est presque un entretien d'embauche. "C'est le money time" croit même un proche de l'ancien socialiste. Pourtant, ce rendez-vous ne sera pas le seul pour le chef de l'Etat.

Une censure automatique des insoumis

En faisant jouer la concurrence, "Macron veut montrer que Cazeneuve, c'est son choix à lui" analyse un proche, et que rien ne lui a été imposé. Une manière aussi d'adresser un message à Bernard Cazeneuve lui-même. "Il lui dit que sa nomination n'est pas faite, qu'il n'est pas sur un piédestal" décrypte un de ses amis.

Le nom de cet ancien socialiste pourrait être celui qui éviterait une motion de censure directe à l'Assemblée nationale. Mais Bernard Cazeneuve, ce n'est pas Lucie Castets, donc les insoumis et les écolos voteront une motion de censure. Mais cette figure socialiste peut quand même séduire dans les rangs de son ancien parti, explique le député PS Romain Eskenazi.

“Si effectivement le Premier ministre n’est qu’une caution de gauche pour mettre en place une politique de droite, ce sera non. Si par contre, on peut obtenir des améliorations significatives, je ne vois pas au nom de quoi je censurerais et je ne permettrais pas aux Français de vivre mieux dès demain”, indique-t-il.

La réforme des retraites comme point de blocage?

La censure ne serait pas automatique, à droite, et à l'extrême droite. Mais le bilan de l'ancien Premier ministre de François Hollande laisse sceptique le vice-président du RN Sébastien Chenu. “On va juger sur pièce. On veut des actes derrière les paroles. Bernard Cazeneuve, pour l’instant, nous semble être quelqu’un qui, quand il a agi, n’était pas au rendez-vous de la réussite”, pointe-t-il.

Dans le camp présidentiel, Bernard Cazeneuve est vu comme une hypothèse crédible pour Matignon selon le député macroniste David Amiel.

“Ça peut être un candidat sérieux à même de ramener la gauche républicaine et le bloc central. C’est ça la question décisive: qui est capable à l’Assemblée nationale de réaliser cette alliance?”, affirme-t-il.

Une alliance avec un équilibre fragile donc, loin de la stabilité souhaitée par Emmanuel Macron.

La réforme des retraites sera sans doute abordée et pourrait être un point de blocage. Jusqu'alors, l'ancien Premier ministre la décrivait comme "profondément injuste". Or Emmanuel Macron craint que son bilan ne soit détricoté. Au début des consultations, l'Élysée prévenait même: "Ne détruisons pas ce que nous avons bâti".

Cyprien Pézeil et Stéphane Duguet avec Guillaume Descours