Budget 2025: Emmanuel Macron en retrait, l’Assemblée déjà bouillonnante

Ni une cure d'austérité, ni un matraquage fiscal... C’est ce qu’assure Laurent Saint-Martin, le ministre des Comptes publics, après la présentation du budget 2025 du nouveau gouvernement ce jeudi soir. Après sept années de budgets conduits par Emmanuel Macron, pour la première fois, ce projet de loi de finances et celui de financement de la sécurité sociale ne sont pas passés par les mains du président. Dans cette situation politique inédite depuis la dissolution de l’Assemblée nationale au printemps, c'est le Premier ministre Michel Barnier qui a élaboré le budget 2025.
Le chef de l'Etat assiste donc, presque impuissant, à la présentation d'un budget qui ne lui correspond pas. Silencieux pendant le conseil des ministres, laissant surtout la parole aux ministres de l'Economie et des Comptes publics, et se gardant bien de donner son avis sur le contenu du projet de budget selon un participant... Pourtant, entre hausse d'impôts et augmentation de taxes pour certaines entreprises, les fondamentaux du macronisme sont remis en cause.
Mais le président reste en retrait, jure son entourage. "Oui, ses convictions économiques sont connues, mais on a changé d'époque, c'est un temps nouveau" rappelle même l'Elysée. Une référence aux législatives perdues. Le président espère quand même que ce texte sera amendé au Parlement, qu'il sera remodelé, et que les députés de son camp arriveront à se faire entendre. Et qu'importent, assume un conseiller, les "frottements" et la "rugosité" dans la majorité atypique entre macronistes et droite traditionnelle…
LFI, le RN et même les macronistes mécontents
A l’Assemblée, justement, ce projet de loi de finances 2025 ne semble, pour l'instant, pas satisfaire grand monde... Du RN à LFI, en passant par le socle de la majorité, presque tous les groupes ont des critiques sur les réductions de dépenses ou les hausses d'impôts. Le débat en commission des finances est prévu dès la semaine prochaine, avant une arrivée dans l'hémicycle le 21 octobre, où les débats s'annoncent riches et potentiellement explosifs.
Les députés de gauche sont particulièrement remontés face à ce projet de loi de finances. L'insoumis Eric Coquerel dénonce un budget d'austérité et prévient: il va falloir revoir grandement la copie. "Sur les questions de l’écologie, l’éducation nationale et la santé, les baisses prévues sont insupportables, estime-t-il. On va faire notre travail de parlementaire, on va le bouger profondément. C’est une bataille, mais ça ne veut pas dire qu’on ne trouve pas de compris." De l'autre côté de l'Assemblée, le RN aussi est mécontent. Le député Jean-Philippe Tanguy refuse tout net la hausse des taxes sur l'électricité: "Je suis vraiment très inquiet de ce qu’on nous présente. C’est très facile de censurer un budget, on pourrait l’annoncer aujourd’hui. Mais moi, je vais laisser la chance à la négociation et à pouvoir améliorer la situation."
Même parmi les soutiens de Michel Barnier, on attend des modifications. C'est le cas du député macroniste Jean-René Cazeneuve, opposé aux hausses de charges sur les entreprises. "Nous contesterons, nous ferons des propositions alternatives, assure-t-il. C’est un mauvais choix. Depuis 2017, on a baissé les impôts et ça a porté des fruits en matière de création d’emplois donc il ne faut pas changer de stratégie. Il y a de grandes marges de manœuvre pour les discussions budgétaires et c’est tant mieux." Mais plusieurs députés s'alarment déjà: avec toutes ces revendications différentes, le budget pourrait très vite perdre toute cohérence.