Eaux minérales Nestlé: "Scandale d'Etat", "lobbying généralisé", plainte, la gauche monte au créneau

L'Etat a-t-il autorisé Nestlé à vendre des eaux minérales filtrées non-conformes à la réglementation et à risque pour la santé? Une enquête du Monde et de Radio France révèle des échanges et des notes ministérielles accusant Matignon et l'Elysée d'avoir cédé au lobbying du géant de l'agro-alimentaire.
L'Etat aurait accordé des dérogations autorisant Nestlé Waters à filtrer de façon illégale des eaux minérales (Vittel, Contrex, Hépar, Perrier), résultat d'important lobbying qu'aurait mené la marque sur l'exécutif selon Le Monde et Radio France.
Si Emmanuel Macron dément tout connivence, dans la classe politique c'est l'indignation et la colère qui prédomine, notamment à gauche: "C'est un scandale d'Etat en fait", alerte l'écologiste Sandrine Rousseau qui accuse la Macronie de ne pas avoir respecté les recommandations sanitaires au profit des intérêts économiques de Nestlé.
"Je dis au gouvernement et au président de la République, 'qu'avez vous encore fait avec les lobbies'? On ne peut pas faire semblant de vendre une eau d'une pureté limpide alors qu'elle a été filtrée et modifiée", déplore la députée.
Une rencontre entre Nestlé et le secrétaire général de l'Elysée
Au cœur des révélations, des échanges entre Nestlé et le cabinet d'Emmanuel Macron et même une rencontre avec le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler.
Au Sénat, une commission mène l'enquête depuis plusieurs mois. À sa tête, le socialiste Alexandre Ouizille entend affiner ses investigations: "On a des éléments qui montrent que Nestlé très tôt est allé voir le gouvernement. On voit que ce lobbying est plus généralisé que ce que l'on pensait. Notre pouvoir c'est d'auditionner des personnes, notamment celles à l'Elysée qui ont été impliquées". Les Insoumis annoncent eux saisir la justice.
Déjà des révélations en 2024
Devant les révélations, Emmanuel Macron a été poussé à se défendre dès mardi en marge d'un déplacement: "Il n'y a de l'entente avec personne, il n'y a de connivence avec qui que ce soit", assure le chef de l'Etat. De son côté, Nestlé défend un dialogue régulier comme le veut l'usage.
Visé par de premières révélations début 2024, Nestlé Waters, filiale du géant suisse de l'agroalimentaire, avait reconnu avoir eu recours à des systèmes interdits de microfiltration pour maintenir la "sécurité alimentaire" de ses eaux minérales, face notamment à des problèmes de contaminations bactériologiques. Le groupe avait même accepté en septembre 2024 de payer une amende de 2 millions d'euros pour échapper à un procès, après une plainte de l'association Foodwatch.