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Élisabeth Borne candidate à la tête du parti Renaissance

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Dans un entretien au journal Le Parisien, Élisabeth Borne annonce être candidate à la tête de Renaissance, alors que Gabriel Attal, élu à la présidence du groupe à l'Assemblée, pourrait également ambitionner de s'emparer de la direction du parti d'Emmanuel Macron.

Élisabeth Borne lance les hostilités pour la direction de Renaissance. L'ancienne Première ministre annonce, dans un entretien accordé au Parisien publié ce mercredi 21 août 2024, sa candidature à la tête du parti du président de la République.

Avec l'ambition de "rassembler de façon très large", car il est "vital" de "préserver l'unité de ce parti", estime-t-elle. Renaissance, qui doit tenir un Congrès avant la fin novembre, "n'a pas vocation à être une chapelle ou une écurie présidentielle", juge la députée du Calvados.

"Avec cette Assemblée, personne ne va appliquer son programme. Cette instabilité politique redonne un rôle différent aux partis politiques: on a besoin qu'ils redonnent de l'espoir aux Français, qu'ils élaborent une vision, un projet pour le pays. Je veux mettre mon expérience au service de ce travail, avec humilité et beaucoup de collégialité."

L'ancienne Première ministre était redevenue députée du Calvados en janvier après son remplacement à Matignon par Gabriel Attal, puis a été réélue après la dissolution décidée par Emmanuel Macron.

Gabriel Attal, potentiel concurrent

Mais quid du Premier ministre démissionnaire, à qui l'on prête également l'intention de briguer le secrétariat général du parti? "Gabriel Attal est président de notre groupe à l'Assemblée nationale et c'est très important, car on a besoin de son énergie et de son talent. Il l'a dit lui-même, son objectif c'est le groupe. Je pense donc qu'il souhaite continuer à le diriger, plutôt que de devenir secrétaire général du parti, ce qui l'amènerait à quitter le groupe", répond Élisabeth Borne auprès du journal francilien.

Deux fonctions donc incompatibles? "Traditionnellement, il n'est pas d'usage d'être président de groupe en même temps que l'on dirige le parti", insiste l'ancienne cheffe du gouvernement. Jusqu'ici, Gabriel Attal n'a pas dévoilé ses intentions. Mais, le cumul de ces deux fonctions, "rien ne l'empêche", a-t-il récemment glissé en privé.

"Attal veut refaire le parti à son profit parce qu'il a des sous et des militants. Il l''attalisera'. Borne, elle, ne va pas le 'borniser'", expliquait récemment un député favorable à l'ancienne préfète. Mais "je ne vois pas comment elle peut battre Attal auprès des militants", modère un autre parlementaire.

Quel avenir pour le parti?

L'avenir de Renaissance, maillon faible du dispositif présidentiel depuis 2017, est un enjeu fort du camp macroniste, alors qu'Emmanuel Macron ne pourra se représenter en 2027, après ses deux quinquennats. Le parti présidentiel est notamment allié à Horizons, la formation fondée par Édouard Philippe (Premier ministre durant le premier mandat d'Emmanuel Macron), et au MoDem, de François Bayrou, au sein de la coalition Ensemble.

La candidature d'Élisabeth Borne intervient alors que Renaissance - d'abord baptisé En Marche puis La République en Marche - doit tenir un Congrès avant le 30 novembre. Congrès qui doit élire 150 membres du Conseil national qui éliront le secrétaire général du parti. Autrefois occupé par Christophe Castaner et Stanislas Guerini, le poste est détenu depuis 2022 par Stéphane Séjourné, actuel ministre des Affaires étrangères et proche de Gabriel Attal.

"Même vision" avec Gérald Darmanin

Le Premier ministre, particulièrement populaire au sein du parti mais dont les relations avec le chef de l'État sont notoirement dégradées depuis la dissolution, s'est déjà emparé du groupe Renaissance à l'Assemblée, immédiatement rebaptisé Ensemble pour la République. Un temps donnés candidats, voire partants pour aller fonder leur propre groupe, ni Élisabeth Borne, ni l'actuel ministre de l'Intérieur démissionnaire Gérald Darmanin ne s'étaient présentés contre lui.

Avec Emmanuel Macron, ils avaient finalement plaidé pour une direction collégiale provisoire à l'Assemblée. Peine perdue. Ils ont en revanche obtenu, selon plusieurs sources, de ne pas avancer dès la rentrée le congrès de Renaissance, une option défendue par Gabriel Attal et Stéphane Séjourné. "Tout a été gelé par la fronde interne des cadres, avec le soutien du président", explique un participant.

Dans son entretien au Parisien, Élisabeth Borne cite Gérald Darmanin dont elle dit partager la "même vision" pour une "approche collégiale". Elle assistera à sa rentrée politique le 15 septembre à Tourcoing. Là où, ironie du sort, elle était venue l'an passé en tant que Première ministre éteindre les ambitions trop bruyantes de ce dernier, qui était son ministre de l'Intérieur.

L'ancienne préfète, porteuse de la réforme des retraites et de budgets adoptés au 49.3, a également semblé prendre quelque distance avec l'Élysée après la dissolution, froissée par l'argument d'une Assemblée bloquée, alors qu'elle s'était échinée à y faire adopter plus d'une soixantaine de textes sans majorité absolue.

Maxime Ponsot avec AFP