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Insultes de Hanouna à un député: C8 écope d'une amende record de 3,5 millions d'euros

L'Arcom, ex-CSA, a prononcéce jeudi une sanction record d'un montant de 3,5 millions d'euros à l'égard de la chaîne C8, après les propos tenus à l'encontre du député Louis Boyard, le 10 novembre 2022.

À la suite des propos tenus à l'encontre du député Louis Boyard au cours de l’émission "Touche pas à mon poste" diffusée le 10 novembre 2022, l’Arcom a prononcé ce jeudi une sanction d’un montant de 3,5 millions d’euros à l’encontre de la chaîne C8.

"Abruti", "tocard", "t'es une merde": ces propos "ont porté atteinte aux droits de l'invité, au respect de son honneur et de sa réputation", a tranché le régulateur des médias, pour qui cette séquence a traduit "une méconnaissance par l'éditeur de son obligation de maîtrise de son antenne".

C8 déjà sanctionnée en 2017

Ça n'est pas la première fois que l'Arcom sanctionne financièrement C8 à cause de son animateur vedette Cyril Hanouna: elle s'était déjà vue infliger une amende de 3 millions d'euros en 2017 pour un canular jugé homophobe sur le plateau de "Touche pas à mon poste".

L'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique a également indiqué jeudi avoir mis en demeure la chaîne de respecter ses obligations en matière d'honnêteté et d'indépendance de l'information.

Elle a considéré que Louis Boyard "avait été explicitement empêché d'exprimer en plateau un point de vue critique à l'égard d'un actionnaire du groupe Canal+, auquel appartient le service de télévision C8", ce qui n'avait pas permis de réaliser l'émission "dans des conditions qui garantissent l'indépendance de l'information".

"On prend acte de la décision de l'Arcom"

"Le milliardaire Bolloré a voulu me censurer. On a Touché à Son Poste", a pour sa part réagi Louis Boyard sur Twitter.

"On prend acte de la décision de l'Arcom et on va se réserver le droit de voir ce qu'on va faire après", a indiqué Cyril Hanouna jeudi soir dans son émission.

Des tensions entre Canal+ et la ministre de la Culture

Cette décision du régulateur, autorité indépendante du gouvernement, survient dans un contexte de tensions entre Canal+, filiale du groupe Vivendi piloté par le milliardaire conservateur Vincent Bolloré, et la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak. Cette dernière a jugé jeudi matin, sur France Inter, "inadmissible" l'appel récent de Cyril Hanouna à la privatisation de l'audiovisuel public, soulignant que le Rassemblement national est le seul parti qui défend cette mesure.

"Privatisez-moi ça", avait lancé mi-janvier l'animateur de "Touche pas à mon poste", qui rassemble plus d'un million de téléspectateurs chaque soir.

La ministre a également évoqué à la radio la possibilité pour l'Arcom de retirer à CNews et C8 les fréquences mises à leur disposition quand elles ne respectent pas leurs obligations. "Nous avons été profondément choqués par les propos tenus par Madame la ministre de la Culture", a réagi Canal+ dans un communiqué publié jeudi après-midi.

AB avec AFP