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Isabelle Rome, la ministre de l'Egalité homme-femme, tacle Marlène Schiappa et sa une de Playboy

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La ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Isabelle Rome, goûte peu à l'interview et la séance photos de sa prédécesseur Marlène Schiappa en une de Playboy ce jeudi. Et elle n'hésite pas à le faire savoir.

Passe d'armes entre collègues. La ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Isabelle Rome, n'apprécie pas vraiment l'interview et la séance photos accordées par Marlène Schiappa au magazine Playboy. Dans un entretien au Figaro, Isabelle Rome s'interroge sur l'adéquation entre une interview à Playboy et la lutte pour le droit des femmes "alors que ce magazine est un condensé de tous les stéréotypes sexistes".

"Nous sommes en plein dans la culture de la femme-objet. Je rappelle que son fondateur, Hugh Hefner, a été poursuivi pour agression sexuelle. À un moment donné, il faut choisir ses supports. Je rejoins donc la Première ministre Elisabeth Borne: apparaître dans Playboy n'est pas approprié", poursuit-elle alors que l'initiative de sa prédécesseur fait grincer des dents dans les plus hautes sphères de la majorité.

La principale intéressée a réagi sur Twitter: "Défendre le droit des femmes à disposer de leurs corps, c’est partout et tout le temps. En France, les femmes sont libres. N’en déplaise aux rétrogrades et aux hypocrites", a assuré le 1er avril dernier Marlène Schiappa.

"Playboy ne sera jamais notre allié"

Isabelle Rome se défend de distribuer "les bons et les mauvais points" et ne veut pas apparaitre en "mère la morale", assurant que Marlène Schiappa est libre de "faire ce qu'elle veut". Mais elle insiste: "Prétendre que poser dans Playboy fera avancer la liberté des femmes, j'en doute sérieusement. La sienne peut-être. Celle des autres non".

"À mes yeux, défendre les droits des femmes dans Playboy reviendrait à lutter contre l'antisémitisme en accordant un entretien à Rivarol", ajoute la ministre de l'Égalité entre les hommes et les femmes.

"Nous sommes dans le sexisme pur. Il n'y a rien à tirer de ce magazine et il faut que les femmes en aient conscience: Playboy ne sera jamais notre allié", poursuit Isabelle Rome qui estime que in fine, cette opération aura fait une énorme publicité au magazine regrettant que la revue profite de l'opération.

Avant Marlène Schiappa, d'autres politiques ont répondu à des interviews dans Playboy

Sur le plateau des "Grandes Gueules", les avis sont partagés ce jeudi. L'éducateur Etienne Liebig estime que Marlène Schiappa a tout à fait le droit de répondre à une interview "avec des photos raisonnables", assure-t-il sur RMC et RMC Story. "D’ailleurs dans l’histoire de playboy, il y a toujours eu des interviews de politiques, notamment aux Etats-Unis mais aussi en France", alors qu'avant Marlène Schiappa, Martin Luther King et Jimmy Carter outre-Atlantique avaient donné des interviews au magazine. "Je trouve la réponse d’Isabelle Rome déplacée et bête", conclut-il.

A contrario, l'enseignant Kevin Bossuet se range du côté d'Isabelle Rome. "Playboy, c'est l'incarnation de la femme objet. Le fait qu'une secrétaire d'Etat ose y poser, ça désacralise la fonction, ça participe à la dévaluer. Marlène Schiappa a un devoir d'exemplarité mais elle veut du buzz sur du buzz. C'est la Louis Boyard de Renaissance, elle met sa fonction au service du buzz", estime l'enseignant.

Nouvelle polémique

Ce n'est pas la première fois que Marlène Schiappa fait polémique. Après avoir fait la promotion de coiffeurs vantant leurs lissages brésiliens sur Instagram, l'entourage de la ministre avait démenti tout post sponsorisé.

Plus tard, en décembre 2021, tandis que les autorités appelaient à la prudence face à une nouvelle vague de Covid-19, Marlène Schiappa avait convié plusieurs influenceuses à un dîner au ministère de l'Intérieur, pour officiellement les sensibiliser aux dispositifs d’accompagnement pour les femmes victimes de violences. Mais les images diffusées sur les réseaux par l'une d'elles faisaient plutôt état d'un dîner loin de toute considérations professionnelles, entre éclats de rire, blagues et légèreté.

G.D.