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"Il a exigé de connaître les origines de mon nom": les témoignages d'actes racistes se multiplient

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Alors que le contexte politique est extrêmement tendu en France depuis les élections européennes, nombreux Français s'inquiètent de la libération de la parole et d'actes racistes. Plusieurs témoignages ont été recensés par RMC, tandis que Dominique Soppo, président de SOS Racisme, a pointé ce jeudi matin la responsabilité du RN.

Les témoignages liés à des actes racistes se multiplient ces derniers jours, et plus globalement depuis les résultats des élections européennes et l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale. C'est ce que constate notamment Fadela, infirmière libérale dans l'Ariège, de nationalité française et marocaine: "Partout, il y a une levée d'inhibition. Moi ça me fait peur."

De plus en plus de témoignages

Cette infirmière de 47 ans, interrogé dans Apolline Matin, ce jeudi, sur RMC et RMC Story, a dû recadrer un de ses patients, qu'elle soigne depuis près de deux ans. Ce dernier lui "disait qu'il y avait trop de nègres et de bougnoules en France". Des paroles qu'il n'avait jamais tenu devant elle avant les élections européennes.

"Je me suis sentie profondément humiliée lors du débat, sur la question de la binationalité", avoue-t-elle.

Ces actes, Fadela en constate de plus en plus. Récemment elle a reçu un appel pour des soins assez complexes. "Un monsieur m'a appelé pour demander des soins pour son épouse. J'ai accepté. Et là, il a exigé de connaître les origines de mon nom. Je lui ai dit et il m'a dit textuellement: 'non ça ne va pas être possible parce que ma femme a des problèmes avec ça', avec mes origines", raconte l'infirmière.

Fadela n'a pas seulement peur pour elle, mais également pour sa fille, âgée de 15 ans et élève en seconde: "J'ai peur pour son avenir, j'ai peur pour son présent, qu'elle reçoive des attaques."

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Membre d'un centre de tir géré par une association, ce Français d'origine martiniquaise se sent menacé. "Certains n'ont pas peur de dire que viendra un moment donné où quand ils seront prêts, ils iront chercher tel type de personnes. Ils sont de plus en plus agressifs, et je pense même qu'à un moment donné je ne pourrai plus fréquenter ce centre de tir", témoigne-t-il sur RMC.

D'autres actes racistes ont eu lieu ces derniers jours. À Avignon, une boulangerie où travaille un apprenti de nationalité malienne a été incendié et le mot "nègre" a été tagué sur place. Dans le Val-de-Marne, un chauffeur de bus a été victime de menaces de mort et d'insultes racistes de la part d'un automobiliste qui vote RN.

De fortes inquiétudes au sein de SOS Racisme

Le parti dirigé par Marine Le Pen et Jordan Bardella a été pointé du doigt ce jeudi par Dominique Sopo, président de SOS Racisme invité de Charles Matin, sur RMC et RMC Story: "La libération de la parole antisémite et raciste n'est pas liée à telle ou telle personnalité de gauche. Il n'y a qu'un seul parti qui a un programme qui dit 'on va réviser la Constitution pour cibler des catégories de la population': ça s'appelle le RN, qui garde dans son programme la préférence nationale de Jean-Marie Le Pen."

"On est sur un parti qui a mis au cœur de son projet les étrangers", argumente-il.

Au sein de son association, Dominique Sopo constate que "quelque chose a changé" avec une "multiplication des témoignages". Selon lui, ce sont "des choses assez nouvelles". "Il y a plus d'appels qu'avant et de témoignages qui nous remontent sur nos réseaux sociaux, par nos comités en France qui recueillent la parole des personnes ciblées ou témoins de propos racistes", explique le président de SOS Racisme.

L'association craint que les choses s'empirent après le résultat des élections législatives en cas de victoire du Rassemblement national.

T.R.C.