Jean-Marie Le Pen le fondateur du FN est mort

Jean-Marie Le Pen, figure de l'extrême droite française et finaliste de la présidentielle de 2002, est mort mardi à l'âge de 96 ans à Garches (Hauts-de-Seine), dans un établissement où il avait été admis il y a plusieurs semaines.
"Jean-Marie Le Pen, entouré des siens, a été rappelé à Dieu ce mardi à 12h", a indiqué sa famille dans un communiqué transmis à l'AFP.
Le fondateur de Front national, devenu Rassemblement national, s'était peu à peu retiré de la vie politique à partir de 2011, lorsque sa fille Marine Le Pen avait repris la présidence du parti.
Indochine et Algérie
Né le 20 juin 1928, à la Trinité-sur-Mer (Morbihan), Jean-Marie Le Pen est adolescent quand la guerre éclate. Son père, marin-pêcheur, meurt en 1942 quand une mine remontée dans son chalut explose. Pupille de la nation, il veut s'engager dans la résistance à l'âge de 16 ans mais n'est pas accepté en raison de son âge.
Jean-Marie Le Pen obtient ensuite une licence de droit. En 1953, il effectue son service militaire et débute une carrière de parachutiste dans l'armée qui le mènera à participer à la guerre d'Indochine et à la guerre d'Algérie où il est accusé de tortures.
Premiers pas en politique
En 1955, Jean-Marie Le Pen se lance dans sa carrière politique qui durera une soixantaine d'années. Elle commence aux élections législatives en 1956 dans une liste du mouvement poujadiste de Pierre Poujade, le défenseur du petit commerce. Il est élu député à seulement 27 ans. Réélu en 1958 après s'être éloigné du mouvement de Pierre Poujade, il est battu en 1962.
Il devient alors le directeur de campagne du candidat d'extrême-droite Jean-Louis Tixier-Vignancour pour l'élection présidentielle de 1965. Il fera alors 5,2 % au scrutin. C'est à cette époque que Jean-Marie Le Pen perd son œil gauche, victime d'une cataracte traumatique. Il portera longtemps un bandeau de pirate sur son œil avant de le troquer au milieu des années 80 par un œil de verre.
60 ans de politique
En 1972, il créé le Front National avec les responsables du mouvement d'extrême-droite Ordre nouveau, à l'initiative de la création du parti, ou encore l'ancien Waffen-SS Pierre Bousquet.
Après plusieurs années électoralement difficiles (il fait 0,7% au premier tour de la présidentielle 1974), le FN prend son essor avec l'arrivée de François Mitterrand. En 1982, le parti dépasse les 10 % pour la première fois aux élections cantonales. Pour la première fois, les portes de la télévision s'ouvrent à lui.
En 1986, il est élu député et le Front national obtient 35 députés sur un scrutin proportionnel. Il passe pour la première fois la barre des 10% à l'élection présidentielle en 1988 avec 14,4% des voix et plus de 4 millions de bulletins en sa faveur, puis en 1995 avec 15% des suffrages.
Avec son programme anti-immigration, pour la préférence nationale, de relance de la natalité et de plus en plus anti fédéralisme européen et contre la mondialisation, il provoque la surprise le 21 avril 2002, en se qualifiant pour le second tour de l'élection présidentielle avec 16,9%, derrière le président sortant Jacques Chirac (19,9%) et en éliminant le candidat socialiste et Premier ministre de cohabitation de l'époque, Lionel Jospin (16,2%). Il sera battu au second tour par Jacques Chirac qui obtient 82,2% des voix.
En 2007, il finira seulement quatrième de la présidentielle et son retrait de la direction du Front national à partir de janvier 2011 annonce la fin du règne du patriarche Le Pen, remplacé par sa fille, Marine. Une fin de règne difficile. Nommé président d'honneur du FN, il en est exclu en août 2015 après un dernier dérapage sur les chambres à gaz.
L'homme des polémiques
En 1987, il déclenche un scandale sans précédent en prétendant que les chambres à gaz sont "un point de détail de la deuxième guerre mondiale". Il recommence dix ans plus tard à Munich, aux côtés d'un ancien Waffen SS, puis en 2009 en plein Parlement Européen. et en 2015, ce qui entrainera son exclusion du Front National. Il sera aussi condamné à cinq reprises, notamment pour apologie de crime de guerre et contestation de crimes contre l'humanité ou provocation à la haine, à la discrimination et à la violence raciale.
La justice le sanctionnera également pour avoir surnommé, en 1993, le ministre de la fonction publique Michel Durafour de "monsieur Durafour-Crématoire" ou encore, en 2005, pour avoir déclaré que "l'occupation allemande n'avait pas été particulièrement inhumaine". Des dérapages soigneusement réfléchis et mis en scène pour occuper la une des médias et faire progresser la "Lepénisation des esprits", selon l'expression de Robert Badinter.