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"Le risque de nouveaux gilets jaunes est sérieux" alerte Christophe Bouillon

Inflation, abandon, manque de médecins, prix des carburants,... la ruralité est en souffrance et risque de retomber dans un fort épisode de colère, à l'instar de celle des gilets jaunes. C'est l'alerte lancée ce samedi dans la Matinale week-end de RMC par Christophe Bouillon, président de l'association des petites villes de France

Abandonnés. C'est ce que ressentent les habitants de la ruralité selon Christophe Bouillon. Le président de l'association des petites villes de France alerte ce samedi dans la Matinale week-end de RMC. Pour lui, "la cote d'alerte est atteinte" et le résultat s'est vu dans les urnes avec un fort vote pour le Rassemblement national.

"Ce n'est pas la première fois que dans nos territoires, les habitants disent que ça ne va pas. Il y a un sentiment de malaise, d'abandon qui est assez fort et qui n'est pas nouveau", explique le maire ex-PS de Barentin.

Pour l'ancien député, ce sentiment se traduit par "des fractures: territoriale, sociale, générationnelle, qui se marquent par les résultats électoraux".

"Toutes les leçons des gilets jaunes n'ont pas été tirées et le risque d'un nouveau phénomène gilets jaunes est sérieux."

En effet, il considère que "ce qui a provoqué les gilets jaunes existe encore: l'inflation, le prix de l'essence. Chez nous, la voiture est dominante car il n'y a pas d'alternative sérieuse pour pouvoir aller travailler, profiter de loisirs,..."

Priorité santé

Ainsi, Christophe Bouillon demande deux choses précises au gouvernement. D'abord un interlocuteur spécifique à la ruralité, alors que le poste de ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les Collectivités territoriales occupé par Joël Giraud dans le gouvernement Castex a été fusionné avec la Transition écologique dans un grand ministère porté par Amélie de Montchalin, ministre en voie de démission.

Ensuite, le maire de Barentin veut un agenda rural avec des mesures d'urgence et de régulation. Sa première priorité est "bien sûr" la santé. "Six millions de Français n'ont pas de médecin traitant, dont la plupart vivent dans nos territoires. On ne peut pas s'en satisfaire" explique-t-il.

"On veut des mesures appliquées et pas le sentiment qu'on passe à autre chose. Pendant la présidentielle, on a beaucoup entendu parler des territoires, mais passé l'élection, on a le sentiment que c'est oublié."

Une des idées est la régulation de l'installation des médecins. Les étudiants en médecins générale seraient obligés de s'installer à un endroit donné pour un temps précis. "La régulation n'est pas un gros mot, ça existe dans plein de pays", défend Christophe Bouillon. "Il y a plus de départ à la retraite que de nouveaux médecins qui arrivent. Ça ne tiendra pas. On est dans une situation difficile jusqu'en 2033. Ce n'est pas possible on met en danger des habitants."

"Il faut des mesures plus fortes. La disparition du numerus clasus, c'est bien, mais les effets seront dans dix ans. Il nous faut des mesures d'urgence maintenant !"

L'inquiétude des villes face à l'inflation

Christophe Bouillon demande aussi plus de financement pour les communes, qui font face à l'inflation et qui limitent déjà les dépenses: plus de ramassage scolaire, plus de chauffage des salles communales, moins d'éclairage public voire fermtures d'équipements.

"Il y a d'abord eu la facture Covid, là il y a l'inflation, la flambée des prix de l'énergie. Je vois des maires affolés. Et on nous dit qu'il faudra mettre à contribution les collectivités locales pour réduire la dette du pays? Franchement, ce n'est pas sérieux."

Autre grosse dépense à venir pour les communes, celle dans les salaires des employés communaux avec l'augmentation du point d'indice. Le président de l'Association des petites villes de France estime à 2,7 milliards d'euros la mesure. Un coût difficile à assumer pour certaines petites villes, comme la sienne où c'est "300.000 euros qu'il faut trouver".

Christophe Bouillon alerte: "Si on charge trop la barque des collectivités, elles risquent de ne plus proposer de services."

"On a des témoignages qui montrent des failles dans les territoires et finalement on coupe les jambes des collectivités en empêchant d'apporter des réponses aux habitants avec des services, des intentions. On marche sur la tête du côté du gouvernement", conclut-il.

https://twitter.com/mmartinezrmc Maxime Martinez Journaliste RMC