Législatives: blocage, coalition, gouvernement technique… Quel scénario sans majorité absolue?

Et si la France se retrouvait sans majorité après les législatives? C’est un scénario tout à fait possible si l’on en croit les sondages. Le pays serait ingouvernable, ce qui est déjà arrivé à plusieurs de nos voisins européens comme l’Allemagne, l'Italie, la Belgique et l’Espagne. Et ils s’en sont toujours sortis. Soit en formant des coalitions improbables, soit en confiant le gouvernement à des techniciens, soit en restant sans gouvernement pendant des mois voire des années…
Si aucun parti n'obtenait de majorité absolue le 7 juillet, que se passerait-il? Sans doute ce qu’il se passe dans toutes les grandes démocraties parlementaires. C'est-à-dire que le président demande au leader du parti en tête de former le gouvernement. Cela pourrait être Jordan Bardella. Mais faute de majorité absolue, il pourrait faire l'objet d’une motion de défiance.
C’est un scénario à l’espagnole. En 2015, après les législatives, la gauche et la droite s'étaient retrouvées au coude à coude, sans majorité. Six mois plus tard, les Espagnols avaient revoté et de nouveau, aucune majorité n'était ressortie. Le blocage était total. Les électeurs allaient être appelés aux urnes une troisième fois en un an, mais finalement les socialistes avaient décidé de laisser la droite gouverner. La crise avait duré neuf mois.
Un autre scénario serait de tenter de former une grande coalition, qui pourrait aller de la droite LR, aux macronistes, aux écologistes et aux socialistes. Ce serait alors une solution à l’allemande. Depuis des années maintenant, l’Allemagne est dirigée par de larges coalitions rassemblant la droite, la gauche et le centre. Chez nos voisins, après les élections, les partis se retrouvent pour négocier un programme commun dans les moindres détails. Et ensuite, on gouverne. En 2017, Angela Merkel avait négocié cinq mois avec ses partenaires avant de pouvoir former son gouvernement.
La Belgique a battu tous les records
En Belgique, les crises gouvernementales ont souvent duré très longtemps… Les Belges sont les spécialistes incontestés des majorités introuvables. En 2008, ils sont restés 194 jours sans gouvernement. En 2010-2011, record battu, 589 jours. Et en 2018-2020, record encore battu, le pays n’a pas eu de gouvernement fédéral pendant presque deux ans… Et pendant ces deux ans, le chômage avait baissé. Mais la différence entre la France et la Belgique, c’est que la Belgique est un pays hyper décentralisé.
Les Italiens ont expérimenté une autre solution pour résoudre une crise le gouvernement technique. Et à quatre reprises. La dernière fois, c'était en 2021. Le pays était en crise économique et politique. Le président italien a alors tenté la solution d’un gouvernement apolitique. Mario Draghi, ancien patron de la Banque centrale européenne, a obtenu le soutien des quatre grandes familles politiques et il a pu gouverner pendant deux ans.
Un gouvernement technique, c’est une hypothèse que l’on ne pourrait pas exclure en France si nous étions durablement dans l'impasse. En 1976, lorsque Jacques Chirac avait démissionné avec fracas de Matignon, Valéry Giscard d'Estaing était allé chercher un prof d’économie inconnu, Raymond Barre, qui est resté Premier ministre pendant cinq ans. C’était un peu un gouvernement technique.
Cette fois, on peut imaginer un gouvernement avec un préfet à l'Intérieur, un magistrat à la Justice, un médecin à la Santé. Et comme Premier ministre, pourquoi pas le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau? Une pure hypothèse…