Législatives: Bardella ne veut qu'une majorité absolue, un "refus d'obstacle" selon Attal

C'est une phrase loin d'être passée inaperçue. Celle de Jordan Bardella ce lundi au Parisien. Le président du Rassemblement national a affirmé avoir besoin d'une majorité absolue pour accepter Matignon à la suite des élections législatives, estimant que "personne" ne peut croire "qu'on pourra changer le quotidien des Français avec une majorité relative."
Des propos qu'il a réitéré ce mardi sur le plateau de France 2, justifiant sa prise de position: "Si vous voulez que j'agisse, il me faut une majorité absolue. En toute honnêteté, je ne fais pas de la politique pour ma gloriole personnelle".
"Si demain je suis en capacité d'être nommé à Matignon et que je n'ai pas de majorité absolue, parce que les Français ne m'en ont pas donné, je refuserai d'être nommé", détaille le président du Rassemblement national.
Ce qu'il demande, c'est "le pouvoir pour agir". Et il adresse directement un message aux électeurs: "Pour gouverner, je dis aux Français: j'ai besoin que vous fassiez le choix de l'alternance".
Mais pourquoi Jordan Bardella a-t-il prononcé cela, quel est son intérêt? Il veut avoir les coudées franches pour appliquer son programme. Une majorité absolue sinon rien pour Jordan Bardella.
"C'est un appel massif au vote", veut faire croire basiquement un stratège du RN.
Largement critiqué par la majorité
Et au sein de la majorité, comment cette phrase est-elle perçue? Une preuve de capitulation, de "trahison" lâche une ministre, "dans l'ADN de sa famille politique". Le signe d'un énième renoncement, après ceux de son programme, estime-t-on dans le bloc central.
"Un refus d'obstacle", même, selon le Premier ministre actuel Gabriel Attal. Invité sur Franceinfo ce mardi, il a vivement critiqué le parti créé par Marine le Pen, et qui arrive pour l'instant en tête des intentions de vote pour les élections législatives du 30 juin et 7 juillet.
"On voit depuis quelques jours que, s'agissant de Jordan Bardella, il y a de moins en moins de programme et de plus en plus de conditions", ironise Gabriel Attal.
Le Premier ministre poursuit: "Depuis le début de cette campagne, chaque jour on voit un reniement sur une proposition". Le candidat est notamment revenu sur l'abrogation de la réforme des retraites, qu'il avait pourtant promis à ses électeurs. Mais aussi sur la baisse de la TVA, et les produits de première nécessité.
Aucun doute: "Il se sent pétrifié", enchaîne un conseiller de l'exécutif.
"Il réalise qu'il a 28 ans, que Matignon c'est quand même une grande maison", réagit un conseiller de l'exécutif.
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire s’est aussi emporté également contre le parti à la flamme, sur le plateau de TF1 ce mardi. "Ce n’est plus le Rassemblement national, c’est le reniement national", a-t-il dénoncé.
Seul intérêt, décelé par un député sortant du camp présidentiel: en cas de courte majorité du RN, un refus de Matignon obligerait le président à nommer un autre Premier ministre, peu assuré de survivre à une motion de censure. Une instabilité politique qui pourrait favoriser l'arrivée du RN à l'Elysée.