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Législatives: Strauss-Kahn appelle à "savoir choisir son meilleur ennemi" et à voter LFI contre le RN

Dominique Strauss-Kahn en septembre 2018

Dominique Strauss-Kahn en septembre 2018 - JOEL SAGET / AFP

Retiré de la vie politique depuis plus d'une dizaine d'années, l'ex-ministre socialiste et ancien directeur du FMI Dominique Strauss-Kahn a appelé à "éliminer les candidats d'extrême droite" au second tour des législatives, quitte à voter LFI.

Il se fait discret depuis l’affaire du Sofitel à New York en 2011. Mais, ce mardi 25 juin 2024, Dominique Strauss-Kahn a publié une tribune dans Challenges. L'ancien ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie (1997-1999) se prononce sur la question du second tour des prochaines élections législatives (30 juin et 7 juillet prochains).

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"En cas de duel entre un RN et un PS, un écologiste, un PC, un Renaissance ou un LR, les démocrates sauront sans hésiter comment voter: éliminer le candidat d’extrême droite", écrit-il. Et entre des candidats La France insoumise et Rassemblement national? S'il parle d'un "choix douloureux", l’ex-ministre socialiste appelle à voter pour les Insoumis. "Il ne faudra pas hésiter non plus (...) fusse en se bouchant le nez", précise-t-il.

"Choisir son meilleur ennemi" et "éviter le pire"

Dominique Strauss-Kahn décrit le Nouveau Front populaire comme "une coalition hétéroclite comprenant de vrais démocrates et de vrais totalitaires, des individus respectables et d’autres détestables". Et "la perspective annoncée, c’est que les totalitaires détestables domineront le NFP. En réalité, je n’en suis pas si sûr", estime celui qui a dirigé le FMI (Fonds monétaire international) de 2007 à 2011.

Treize ans après, l'ancien baron socialiste se désole de voir le choix réduit à cette coalition de gauche ou "une coalition homogène de vrais totalitaires, tous détestables" à droite, le centre étant à ses yeux "incapable de trouver une majorité dans le pays". Faute de pouvoir départager le NFP et le RN sur leurs programmes, selon lui "très peu crédibles" et "dont il n'y a rien de bon à attendre".

"Il faut savoir choisir son meilleur ennemi pour éviter le pire."

"Pour moi sans hésitation, le meilleur ennemi est celui qui met en cause de façon principielle les fondements mêmes de la République. Celui dont l’existence même se fonde sur la xénophobie. C’est celui dont l’Histoire montre qu’il ne quitte jamais pacifiquement le pouvoir une fois qu’il l’a conquis. C’est celui qui portera atteinte à la société française si profondément que nous ne serons plus dans une alternance démocratique mais dans un changement de régime", écrit-il.

En retrait de la vie politique depuis, "DSK" faisait figure de favori de la présidentielle 2012 avant d'être emporté par une accusation d'agression sexuelle en mai 2011 - affaire finalement soldée par un non-lieu devant la justice américaine et une transaction financière avec la plaignant, comme le rappelle l'AFP.

"Pas une référence morale", pour Bruno Le Maire

Invité à commenter, entre autres, cette prise de position sur RMC ce matin, l'actuel ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a sobrement taclé: "Ce n'est pas, pour moi, une référence morale. C'est une position, ni plus ni moins."

Ce n'est pas le premier soutien au NFP d'un ancien homme politique. Dimanche dernier, lors d'une interview accordée à BFMTV, l'ex-Premier ministre socialiste Lionel Jospin avait lui aussi estimé que "le danger vient davantage du RN" que d'une partie de la gauche, dénonçant la position du parti sur la question de l'antisémitisme, de l'autoritarisme et sa proximité avec la Russie, et se posant ainsi en soutien du NFP.

De manière plus inattendue, mercredi dernier sur LCI, l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin, figure de la droite sous Jacques Chirac, avait apporté son soutien implicite à l'union de la gauche pour ces législatives, en choisissant, face au RN, le NFP pour "prioriser" la lutte contre l'extrême droite, qui "constitue aujourd'hui la véritable menace pour notre pays".

Maxime Ponsot