Législatives: pour faire barrage au RN, l'hypothèse d'une grande coalition fait son chemin

Plus que trois jours avant le second tour des législatives. Après les nombreux désistements de la gauche et du camp présidentiel pour former un front républicain, les perspectives de voir le RN obtenir la majorité absolue semblent s'éloigner selon un sondage Toluna Harris Interactive pour Challenges et M6 publié ce mercredi.
Alors, l'hypothèse d'un gouvernement de coalition fait son chemin. "Je plaide pour que nous fassions une grande coalition [...] qui peut aller jusqu'au bloc de gauche" a assuré ce mercredi la présidente sortante de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet.
Mais une ligne rouge a été tracée: pas d'alliance avec LFI, a déclaré Emmanuel Macron ce mercredi en Conseil des ministres.
Un gouvernement de coalition, un gouvernement provisoire, une Assemblée plurielle... Chacun y va de son nom, de sa solution. Mais avec qui? Dans les rangs de la majorité sortante, il y a consensus pour dire qu'elle irait de la gauche sociale-démocrate, à la droite républicaine. Sur la question de LFI, Gabriel Attal est aligné avec Emmanuel Macron.
“Personne, aucun Français, n’imagine que c’est possible que l’on gouverne avec La France insoumise. Je vous ai donné les exemples d’à quel point ils m’ont combattu et à quel point je les ai combattus”, indiquait le Premier ministre ce mercredi soir sur BFMTV.
Pas de retour en arrière sur les anciennes réformes?
"Il faut reconstruire sur une ligne centre gauche. Avec Glucksmann, Tondelier, on peut gouverner, c’est sérieux", confie un de ses proches. La patronne des écologistes ne ferme pas la porte, mais explique qu’il faut aller au-delà des querelles partisanes. “Je vais dire eux non, eux oui, eux ils ont soutenu cette autoroute, lui il m’a battu en 1999, lui je ne l'aime pas... Et à la fin on se retrouve tout seul”, déplore-t-elle.
À gauche, l'idée fait donc aussi son chemin, mais en posant des conditions programmatiques. Et notamment l’abrogation de la réforme des retraites ou encore le retour de l'ISF souhaité par François Ruffin. Mais hors de question de revenir sur les réformes passées, insiste un proche du chef de l'Etat. Une chose est sûre, dit-il, “il faudra changer la façon de gouverner”.
Cette idée d'union entre le bloc macroniste et celui de la gauche, le Rassemblement national la dénonce. Comme les désistements du second tour pour barrer la route au RN.
“C’est quoi cette alliance, ce truc qui n’a ni queue ni tête? Ce que font Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, c’est une alliance du déshonneur”, appuie Jordan Bardella.
Une coalition qui poserait même "un problème démocratique", confie-t-on dans l'entourage du président du RN.
Les électeurs perdus à cause de la coalition?
Du côté de certains électeurs, l’idée de cette grande coalition entre certains partis de la gauche et la majorité du gouvernement est incompréhensible. “Je me pose la question de ce que je vais faire parce que je suis plus centriste, mais quand je vois qu’ils font des coalitions avec la gauche, je me dis qu’il vaut encore mieux aller au RN”, confie un Français au micro de RMC.
Et au RN, même constat. Justine, 20 ans, vote pour le parti de Jordan Bardella. “Tout faire pour voter contre le RN, c’est un peu nous mettre à part de la société”, pointe-t-elle.
Pourtant, du côté des électeurs de gauche, tout est bon pour faire barrage au RN. Eden voit cette potentielle coalition avec espoir. “Pour moi, il faut aussi faire des concessions. Là, notre objectif commun, c’est de faire barrage à l’extrême droite donc s’il faut être un peu main dans la main malgré les différences de programme, je suis prête à ça”, assure-t-elle. Pareil pour Isabelle, qui a voté pour le Nouveau Front populaire au premier tour.
“Ça sera moins gauchisant que ce qu’on espérait, mais il vaut mieux ça que l’extrême droite. On n’a pas vraiment le choix. Le Rassemblement national, ça a des valeurs qu’on ne peut pas cautionner”, appuie-t-elle.
Dimanche, elle ne changera donc pas son vote, et glissera un bulletin du Nouveau Front populaire dans l’urne.