"Des actions d’ampleur": contre la loi immigration, la CGT veut organiser des manifestations

La CGT veut des manifestations pour protester contre la loi immigration. "Il y a déjà des initiatives qui commencent à s’organiser dans tout le territoire, explique Sophie Binet, sa secrétaire générale, dans Apolline Matin ce jeudi sur RMC et RMC Story. Dans les prochaines semaines, la CGT travaille à des actions d’ampleur. Je ne peux pas vous annoncer une date aujourd’hui. La CGT a la volonté de faire en sorte qu’il y ait des initiatives d’ampleur pour permettre à toutes celles et tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans cette France ‘lepenisée’ leur détermination à faire respecter les valeurs de solidarité, liberté, égalité, fraternité, qui sont aujourd’hui piétinées par cette loi d’extrême droite. Ce sont plutôt des manifestations qui s’organisent sur ce type de questions. Je ne vais pas aller plus loin dans les détails parce qu’on ne veut pas l’organiser seul. On est en train de discuter avec des syndicats, des associations, des personnalités…"
"Le quinquennat d’Emmanuel Macron, c’est un naufrage politique et moral, ajoute-t-elle. Le Titanic avait commencé à couler avec la réforme des retraites. Là, on touche le fond avec cette loi, qui incarne quelque part l’alliance entre le monde de l’argent et l’idéologie rance et xénophobe de l’extrême droite. Cette loi remet en cause en profondeur nos principes républicains. La CGT appelle à la désobéissance civile et à la multiplication d’actions de résistance contre cette loi, à l’image de ce qu’ont fait les 32 départements qui ont annoncé qu’ils n’appliqueraient pas cette loi. C’est ce qu’il faut faire partout. Nous devons prendre chacune et chacun nos responsabilités. Je me félicite qu’un ministre ait démissionné, j’espère qu’il sera suivi par d’autres."
"Un double discours" sur les régularisations selon la CGT
Selon Sophie Binet, cette loi immigration "déroule le tapis rouge à l'extrême droite". "Marine Le Pen le dit elle-même, cette loi est une victoire idéologique majeure du Rassemblement national. Quand on s’inscrit dans le logiciel de l’extrême droite, quand on raconte des mensonges en faisant croire que l’immigration est la seule source de nos problèmes et qu’elle est responsable de l’insécurité, on déroule le tapis rouge à l’extrême droite. Il faut dire la vérité aux Françaises et aux Français, il faut dire qu’au contraire, l’immigration, c’est la richesse de notre pays. S’il n’y avait pas de travailleurs immigrés en France, on perdrait chaque année 60 milliards d’euros de cotisations sociales et d’impôts. En Ile-de-France, 20% des emplois sont tenus par des étrangers. S’il n’y avait pas de médecins étrangers, nos hôpitaux ne tourneraient pas, par exemple. On leur dit quoi, à ces médecins? On leur dit que demain, leurs enfants n’auront plus la nationalité française? Ils ne l’auront plus automatiquement. Cela veut dire qu’il y aura des citoyens de seconde zone, que tous les citoyens n’auront pas les mêmes droits, même s’ils sont nés en France. C’est une remise en cause du droit du sol qui est fondateur de notre République. Il a été instauré par la Révolution française."
Quant aux régularisations de travailleurs sans-papiers annoncés par le gouvernement, la secrétaire générale de la CGT dénonce des "mensonges". "C’est l’arbitraire des préfets et ce sont des mensonges. La CGT a été obligée d’organiser une grande grève de travailleuses et de travailleurs sans-papiers en octobre, avec 650 grévistes. Deux jours après leur grève, on a obtenu toutes les attestations des employeurs, montrant qu’ils travaillaient bien en France depuis plusieurs années. Et aujourd’hui, ces 650 grévistes ne sont pas toujours régularisés parce que c’est le ministre de l’Intérieur qui bloque. Il refuse de mettre en place une circulaire pour donner consigne aux préfets de régulariser ces travailleuses et travailleurs. Hier (mercredi), pour la troisième fois, on nous a refusé un rendez-vous avec la direction générale des étrangers en France. Il y a un double discours. Si le gouvernement entendait vraiment régulariser les travailleuses et travailleurs sans-papiers, il le ferait aujourd’hui, et il ne fait pas. Le scandale de cette loi, c’est que ça renvoie à l’arbitraire des préfectures, qui ne fonctionne pas aujourd’hui."