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"On a été abandonnés": l'inquiétude du maire de Montargis après les émeutes

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Une semaine après les émeutes, les commerces du centre-ville de Montargis (Loiret) ont rouvert ce samedi. Invité de la Matinale Week-End de RMC, ce dimanche, le maire de la ville dénonce un abandon de l'État et s'inquiète d'être "les oubliés du système".

Vendredi matin, Montargis se réveillait groggy, après une nuit d'émeutes. La pharmacie Mirabeau, rue Dorée, la principale rue commerçante de la cité loirétaine, a été incendiée et presque la moitié des commerces de la ville (61 sur 130) ont été touchés par des dégradations, dont cinq totalement détruits, comme la pharmacie.

Samedi après-midi, après une semaine de fermeture complète, la rue Dorée a repris vie et les rideaux se relèvent enfin:

"Je m'étais fixé l'objectif de rouvrir ce samedi et nous avons réussi à rouvrir 90% de la ville", se félicite, sur RMC, le maire de la ville, Benoit Digeon.

"On est content que la vie revienne", explique une passante, alors qu'un autre tempère comme quoi "il y a encore du boulot". En effet, les certaines de boutiques du centre-ville ont plusieurs semaines d’attente avant de pouvoir avoir une vitrine neuve en raison de la forte demande. Le coût total des dégâts n’est pas encore estimé car tous les commerçants n’ont pas encore réalisé leur expertise avec l’assurance selon la chambre de commerce et d'industrie (CCI).

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La solidarité comme mot d'ordre

La solidarité s'est installée entre commerçants et habitants. Des habitants ont organisé une marche pour les commerçants, samedi et une cagnotte pour venir en aide aux commerçants a été mise en place.

"Nous sommes passés dans tous les magasins impactés. On est tous devenus très proches et on s'entraide entre nous. On est tous là et on attend tous nos clients" explique Viviane Malet, présidente de l'Union des commerçants de Montargis.

Autre aide pour les commerçants, un fond exceptionnel de 100.000 euros qui a été mis en place par la CCI pour les frais qui ne seront pas pris en charge par les assurances pour les commerçants.

"On sera les oubliés du système"

Les dégâts pour la ville (route, trottoirs, mobilier urbain,...) sont eux estimés à 1,5 million d'euros par Benoit Digeon. "On ne pourra pas faire face" explique le maire, ce dimanche, dans la Matinale Week-End de RMC. Il s'alarme sur de la non-réaction de l'État face aux demandes des élus:

"La préfecture n'a rien débloqué pour le moment. J'ai demandé à la préfecture, la région, le département, l'agglomération une aide substantielle. On a demandé à l'État la moitié de la somme, 900.000 euros, en leur disant qu'on allait se débrouiller pour le reste, mais l'État se complait à ne pas répondre", explique-t-il.

Pour lui, le pouvoir "va essayer de passer à autre chose rapidement et on sera les oubliés du système, bien entendu, comme très souvent. Ce n'est pas une certitude, mais c'est une crainte. On a été abandonnés."

Parmi ses griefs, la sécurisation de sa ville: le maire estime qu'il faut 30 policiers en plus pour ne pas avoir de problème de maintien de l'ordre et en appelle aux autorités pour avoir des renforts: "Sur la sécurisation, on n'obtient pas les renforts de police. On est dans une situation très précaire", explique, "inquiet", l'élu, qui a annulé les festivités du 14 juillet pour pouvoir garder des policiers en service en cas de dérapage dans sa ville.

Maxime Martinez avec Solenn Guillanton à Montargis