“On est plus abîmés que jamais”: malaise à LFI après les propos de Danièle Obono sur le Hamas

Danièle Obono devant le palais de Justice de Paris pendant le procès en première instance contre Valeurs Actuelles le 23 juin 2021 - BERTRAND GUAY / AFP
À chaque jour ou presque son lot de polémique avec La France insoumise. Ce mardi 17 octobre, la députée LFI de Paris, Danièle Obono, a répondu “oui” à la question de savoir si le Hamas -pourtant à l'origine de l'attaque sanglante en Israël le 7 octobre- était un mouvement de résistance.
Une position immédiatement condamnée par la classe politique. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a même annoncé saisir la justice pour "apologie du terrorisme" après ces propos.
Mais sa position a aussi heurté ses camarades insoumis. Quelques heures après l'interview, son groupe parlementaire, s'est réuni, comme tous les mardis. Selon les informations de RMC, la députée de Paris, contrairement à son habitude, était absente. D’après plusieurs participants, il y avait "unanimité pour dire que ces propos ne constituaient pas la ligne des insoumis".
"Il n'y avait personne pour la défendre", ajoute un député LFI.
"Le Hamas n'est PAS un mouvement de résistance"
Hors micro, plusieurs députés LFI font part auprès de RMC de leur épuisement face à une énième polémique: "Je me disais que la semaine commençait moins mal que la précédente. Et puis finalement, j'ai vu son interview", enrage un parlementaire LFI.
"Ce qu'elle dit me choque énormément. On donne le bâton pour se faire battre. En plus, Danièle est habituée des médias. Elle sait ce que c'est que de parler dans un micro. Elle ne peut pas se faire avoir comme ça", poursuit-il, désabusé.
Publiquement, plusieurs insoumis se sont désolidarisés. "Le Hamas n'est PAS un mouvement de résistance", écrit le député Alexis Corbière sur X (anciennement Twitter). Un message partagé notamment par François Ruffin.
La députée de Seine-Saint-Denis Raquel Garrido réclame que sa collègue "retire ses propos". “On n'est pas des surhommes. Parfois, il faut simplement reconnaître que l'on s'est trompé", enchaine une autre élue. Pour autant, aucun d’entre eux ne réclame son exclusion ou sa mise à l’écart du groupe.
"Tout ça laissera des traces dans l'opinion publique"
“Je crains de retourner en circonscription auprès de mes habitants”, confie un néodéputé. “Après ce que dit Danièle, je suis bien content de rester à Paris ce soir. Je n'ose pas imaginer comment ça va se passer quand je vais rentrer".
"Vous croyez vraiment que les gens viennent nous féliciter sur les marchés ? En ce moment, retourner sur le terrain, c'est ramasser la merde", déplore une autre parlementaire insoumise.
Mardi après-midi à l'Assemblée nationale, Elisabeth Borne a accusé LFI de "s'exclure du champ républicain" après les propos controversés de Danièle Obono.
"Moi ça me fait pleurer qu'on nous en sorte, s’agace un député mélenchoniste. On perd de l'énergie à être tout le temps sur la défensive. Tout ça laissera des traces dans l'opinion publique. Ça va être très dur de décoller cette étiquette. Aujourd'hui, LFI est plus abimée que jamais”.