"On veut prouver qu'on sait encore faire": LR veut préparer une proposition de loi sur l'immigration

Une réunion des Républicains sur l'immigration, ce mardi. Signe de l'importance de ce sujet, marotte de la droite, tous les chefs sont autour de la table. Eric Ciotti évidemment, le président de LR, mais aussi Gérard Larcher, le président du Sénat, Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR, ou encore son homologue à l’Assemblée, Olivier Marleix.
Objectif de ce premier rendez-vous, car il y en aura sans doute d’autres, préparer le dépôt d’une proposition de loi sur l’immigration. Une décision prise après l’annonce du report, au mieux à l’automne, du texte que le gouvernement s'apprêtait à défendre.
Sans surprise, il s'agira surtout de mesures pour tenter de réduire l'immigration. Avec un modèle social moins attractif que pour les Français. Et donc des restrictions pour l’accès aux aides sociales comme le minimum vieillesse, le RSA ou l'AME, l'aide médicale d'Etat, ou encore durcir le regroupement familial.
L'idée pour les Républicains à travers ce texte, c’est de montrer qu’ils sont encore capables de faire des propositions. En effet, cela fait 11 ans que la droite traditionnelle n'est plus au pouvoir. "On veut prouver qu'on sait encore faire et qu’on n’est pas simplement une force d’appoint pour les macronistes", assure un député qui veut donc rapidement appuyer sur l’accélérateur de ce sujet immigration.
Manière aussi, au moins sur le papier, de montrer que les sénateurs et les députés LR sont capables de travailler ensemble. La proposition de loi devrait être déposée conjointement par des élus des deux chambres fin mai ou début juin.
Peu de chances d'aboutir
L’occasion aussi peut être de tenter de tourner la page des retraites qui a beaucoup divisé les LR. À moins que ce ne soit qu’un vœu pieu. D’abord parce qu’ils ne sont pas d'accord sur tout, notamment sur la question des titres de séjour sur les métiers en tension. Les sénateurs disent pourquoi pas, alors que les députés disent non.
Et puis, dimanche dernier dans une tribune, le “frondeur” Aurélien Pradié a réclamé l’organisation d’un RIP sur l’immigration. Sauf que tous les chefs de LR sont déjà opposés à cette idée.
Cette proposition de loi sur l’immigration n’a que peu de chances d’aboutir, pour ne pas dire aucune. La raison est simple: certes, tous les élus peuvent déposer des propositions de loi, mais encore faut-il ensuite trouver une place dans l'agenda pour que les débats soient organisés. Or, les Républicains n'ont presque jamais la main sur le calendrier. Pas avant l'automne au mieux, au Sénat comme à l'Assemblée, alors que l'objectif initial était pourtant de doubler la priorité au gouvernement.
“Même sans examen, ça nous permet quand même de faire parler de nous” se rassure un vieux routier des Républicains.
Il y a aussi la question de la majorité. On sait qu'Élisabeth Borne a renoncé à présenter son texte parce qu'elle n'en avait pas justement au Parlement. Mais rien n'indique que la proposition de LR puisse en avoir une. "On n'est pas dupes, c'est mal barré pour nous" soupire un élu LR. Et effectivement, avec un texte plus dur, on doute vraiment qu'une majorité puisse être trouvée pour les LR.