"Pas de Frexit migratoire": Gérald Darmanin fixe ses lignes rouges face à LR sur la loi immigration
"Chiche, travaillons ensemble!" : dans une interview dans le Parisien, le ministre de l'Intérieur fixe les lignes rouges pour la loi immigration à venir en répondant aux propositions portées par Les Républicains, tout en leur proposant de travailler ensemble. La majorité va en effet avoir besoin des voix du parti d'Eric Ciotti, à l'automne, pour voter sur ce texte.
Dans le cadre de cette partie de poker, il y a d’un côté les points sur lesquels le ministre de l’Intérieur ferme la porte et définitivement. Hors de question pour le ministre de l’Intérieur de déroger aux traités européens comme le souhaitent les Républicains et pas question donc de faire voter une loi pour réformer la constitution, ce qui reviendrait pour Gérald Darmanin à un "Frexit migratoire".
Gérald Darmanin soutenu par Elisabeth Borne
Des propos appuyés par la Première ministre, Elisabeth Borne, qui, au micro de Radio J, juge que "quand on est un parti de gouvernement, qui a participé à la construction européenne, si on pense qu'il y a des choses à changer, on ne se met pas en marge des règles européennes, on agit pour faire bouger des règles."
Il refuse également d’examiner les demandes d’asile hors du territoire national. Le ministre de l’Intérieur affirme aussi ce matin qu’il ne transigera pas sur la régularisation des travailleurs étrangers, un point pourtant fixé comme une ligne rouge par les Républicains.
Une fois ces nouvelles règles posées, le ministre de l’Intérieur semble en revanche beaucoup plus ouvert sur les propositions concrètes de la droite. "Le conditionnement des visas avec la modulation de l’aide au développement des pays concernés" c’est oui. "La discussion autour des mineurs non accompagnés", c’est oui aussi. Quant à la réforme de l’Aide médicale d’Etat, c’est également oui.
Le ministre des Solidarités ne veut pas d'une suppression de l'AME
Réformer oui, supprimer non. C'est la ligne rouge que pose toutefois le ministre délégué aux Solidarités, Jean-Christophe Combes, invité de la Matinale Week-End de RMC, qui serait "choqué" d'une suppression et juge que "l'aide médicale d'État fait l'honneur de la France".
"Je n'imagine pas qu'on ne puisse pas soigner des gens qui sont sur le territoire: c'est une question humanitaire et de sécurité sanitaire. Mais on est prêts à discuter sur les modalités d'accès et lutter contre le tourisme sanitaire", estime-t-il.
Globalement, le ministre de l'Intérieur l'assure: "Il n'y aura pas d'accord à n'importe quel prix. Chacun doit faire un pas", avec comme objectif "qu'en octobre on ait discuté d'un texte au Sénat, puis en novembre ou décembre à l'Assemblée nationale". Avec cette interview Gérald Darmanin réussit ce dimanche à remettre la balle dans le camp des Républicains et à ne pas fâcher l’aile gauche de la majorité: "c’est politiquement plutôt très habile" confiait samedi un cadre de la majorité.