François Bayrou Premier ministre et maire de Pau: première faute ou cumul nécessaire?

Assurant vouloir éviter la déconnexion des membres du gouvernement avec le terrain, François Bayrou a choisi de rester maire de Pau en même temps que Premier ministre. Une décision qu'il a annoncée ce lundi soir lors du conseil municipal de Pau. Chargé par le président de la République de former un gouvernement pour succéder à celui de Michel Barnier qui a été censuré début décembre, François Bayrou rouvre ainsi un sempiternel débat.
Si la règle officielle veut que l'on ne soit plus maire et député, la décision interroge. Edouard Philippe avait en effet quitté son siège d'élu du Havre (Seine-Maritime) et Jean Castex avait fait de même à Prades (Pyrénées-Orientales). Des interrogations subsistent ainsi jusque dans sa ville du Béarn, où il a été élu en 2014 et réélu en 2020 avec 55% des voix au second tour face à la gauche. L'opposition au conseil municipal tacle un maire déjà "fantôme" avec son rôle de Haut-commissaire au Plan à Paris depuis 2020.
"Les Palois ne veulent pas d’un maire fantôme, ils veulent d’un maire dans les rues de Pau! Le cumul, c’est irresponsable et irrespectueux", selon Marianne Lajarige, élue Génération.s. D'autres citoyens interrogés par RMC estiment qu'il aura "assez de travail comme ça" à Matignon en raison de la crise politique actuelle.
"Ce n'est pas en faisant un conseil municipal en Falcon une fois de temps en temps..."
Pour Yann, auditeur RMC du Val-d'Oise, "quand on a un métier, il faut déjà essayer de le faire comme il faut, à fond, avant d'en avoir un autre".
"Ce n'est pas en faisant un conseil municipal en Falcon une fois tous les mois que ça va changer quelque chose", tacle-t-il.
Il plaide plutôt pour un "retrait temporaire", qui n'existe pas dans la loi, pour "protéger" son statut d'élu et les gens de la commune qui l'ont élu.
"Indécent de mettre le cumul des mandats dans le débat public alors qu'on enterre des enfants à Mayotte"
Autre citoyenne pas convaincue par le choix du Premier ministre: la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet. "Je suis contre le cumul de mandats et je pense qu'il ne faut pas, en tout cas en ce moment, en plus, remettre ce sujet sur la table", commente-t-elle sur Franceinfo.
"Ce n'est vraiment pas le moment", insiste-t-elle, assurant qu'elle aurait préféré que le Premier ministre "prenne l'avion pour Mayotte".
"Je me demande s'il mesure bien la gravité de la situation", continue Fabien Roussel sur RMC-BFMTV ce mardi matin. "Il aurait dû être là-bas", tranche le patron du PCF sans hésitation. "Un département de l'Hexagone aurait été fauché de la sorte, tout le gouvernement y serait", note-t-il.
"C'est indécent de mettre le cumul des mandats dans le débat public alors qu'on enterre des enfants à Mayotte. Moi, c'est le cumul des mandales que je veux mettre à l'ordre du jour", enrage-t-il.
"Ça permet de garder les pieds sur terre"
"L’interdiction du cumul des mandats, c’est du populisme", tacle de son côté notre éditorialiste Arthur Chevallier qui estime ça "permet de garder les pieds sur terre". Karl Olive, ancien maire de Poissy et député macroniste des Yvelines, est dans cet esprit. Il émet l'hypothèse que François Bayrou ne voulait surtout pas abandonner sa ville pour un des moments-clés de la vie locale.
"Quand vous êtes maire, le conseil municipal le plus important est celui du budget. C'était le cas lundi à Pau", défend-t-il sur RMC, concédant que "symboliquement", sa place n'est peut-être pas là-bas.
"Il y a 76 heures, il ne savait même pas lui-même s'il allait devenir ministre. En revanche, il savait qu'il préparait un conseil municipal important. Et pourtant, je ne suis pas son porte-parole", lance-t-il dans Apolline Matin.