Remaniement, cap, chantiers: ce qu’il faut retenir du discours d’Emmanuel Macron

La "continuité" et "l’efficacité" pour le remaniement et "l’indépendance du pays" comme cap
En ouverture du Conseil des ministres, ce vendredi matin, Emmanuel Macron renouvelle sa confiance à Elisabeth Borne, "un choix fort" effectué l’année dernière. Il affirme que la "continuité" et "l’efficacité ont guidé le remaniement effectué la veille, avec huit changements dans le gouvernement. Le président de la République fixe également un cap "clair et simple", "l’indépendance du pays pour pouvoir consolider un modèle plus juste". "L’indépendance de la France, c’est son indépendance énergique, industrielle, économique, militaire et géopolitique, explique-t-il. Il n’y a pas de politique qui tienne si nous ne sommes pas indépendants. C’est en bâtissant et en construisant davantage cette indépendance que nous pourrons continuer d’avoir un modèle social qui est un des meilleurs du monde. Mais en le rendant plus juste, en corrigeant les inégalités de départ."
Les quatre grands chantiers
Emmanuel Macron détaillé les "quatre chantiers" qui attendent le gouvernement. D’abord, "la réindustrialisation et le plein emploi", en soulignant la baisse du chômage et la création d’emplois. Puis le "progrès", avec des services publics plus efficaces, "notamment autour de l'école, de la formation et de la santé". "Le troisième grand axe, c’est celui de la planification écologique, ajoute le président de la République. Il y a à la fois l’urgence et la préparation du long terme." Enfin, l’ordre républicain, avec notamment le doublement du budget du ministère des Armées et un "investissement inédit de la nation" dans la justice. Le chef de l'État s'est aussi re-justifié sur la réforme des retraites, "nécessaire au pays" et pour laquelle il "a fallu utiliser la Constitution avec exigence, respect et détermination", une allusion aux multiples 49-3.
Les quatre urgences de l’été
"L’été va conduire à répondre à des urgences, explique Emmanuel Macron. D’abord, les suites des émeutes. Il faut continuer d’être aux côtés des maires pour reconstruire le plus rapidement possible, de nos forces de l’ordre pour que l’ordre tienne, et poursuivre dans le calme et l’indépendance le travail de la justice, qui a su se montrer implacable dans les jours et les semaines qui ont suivi. Il faut aussi continuer le travail auprès des enfants, des familles les plus précaires. Et il nous faut évidemment préparer la rentrée scolaire dans de bonnes conditions. La deuxième urgence de l’été, ce sera la sécheresse. Il faudra accompagner les territoires les plus fragilisés et nos agriculteurs qui cumulent les difficultés. Le troisième volet, c’est le pouvoir d’achat, avec le prix de l’énergie qui continue de monter cet été, même s’il monte moins vite et moins fort que chez nos voisins. Le quatrième sujet, ce sera les urgences et l’accès à la santé."
Des réponses profondes aux émeutes face au "risque de fragmentation"
Après l’été, le gouvernement va également devoir apporter des "réponses profondes" aux émeutes. "Nous aurons à apporter des réponses profondes aux émeutes, au-delà des mesures d’urgence, indique Emmanuel Macron. Nous voyons bien à travers les crises que le risque de fragmentation, de division profonde de la nation, est là. Il y a un besoin d’autorité, de respect, d’espérance légitime. C’est une réponse complète et profonde qui se joue à l’échelle de la nation, qu’il nous bâtir. Il faut tirer des leçons et apporter des réponses en profondeur."
"Fierté inédite" et "exemplarité" pour la Coupe du monde de rugby et les Jeux olympiques
"Nous allons accueillir dès septembre la Coupe du monde de rugby, un événement qui va se décliner sur deux mois, souligne Emmanuel Macron. Et nous entrerons aussi dans la phase finale de préparation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024. Nous sommes à près d’un an jour pour jour de cet événement inédit. Ces événements, c’est aussi une manière de projeter le pays vers une fierté inédite. De l’école à la culture, en passant par tous les territoires, mais en engageant aussi notre gastronomie, nos artisans et en nous préparant de façon rigoureuse sur un plan de la sécurité, tous les départements ministériels seront mobilisés. Nous devons être exemplaires et en même temps donner cette fierté et cet espoir au pays."
Un cadre "exigeant" pour les finances publiques
"Nous aurons dès la rentrée à préparer le pays pour un cadre exigeant et l'ordre en matière de finances publiques", explique Emmanuel Macron. "Nous allons décliner la stratégie qui seule nous permet d'être fort, c'est-à-dire celle qui de manière crédible donne le chemin vers le remboursement de la dette, de la poursuite de la baisse des impôts et d'une gestion raisonnable de nos déficits. C'est ce qui donne une crédibilité à la France en Europe et nous permet de poursuivre la stratégie d'une France revenue au cœur du continent européen" juge le chef de l'État.
Le message aux ministres: "Etre ministre, ce n’est pas parler dans le poste"
"Il est attendu des membres du gouvernement d’être à la tâche, au service d’un projet collectif et des Françaises et des Français, explique Emmanuel Macron. Vous êtes regardés dans tous les détails. Ce que nous devons au pays, c’est d’agir, d’expliquer, de répondre, et de le faire toujours avec la plus grande dignité, parce que c’est le respect que nous nous devons et que nous devons à nos compatriotes. Dans des temps où la violence langagière, parfois des comportements inappropriés, prennent trop de place dans la vie publique, il est attendu du gouvernement de la France d’être exemplaire et de rendre les Françaises et les Français fiers. Donc faisons-le. Ensuite, il est attendu de la collégialité. Il n’y a pas de réussite individuelle s’il y a des échecs collectifs. J’attends de vous de l’efficacité. Une bonne partie de la crise démocratique est liée au fait que les décisions n’arrivent pas suffisamment vite dans la vie de nos compatriotes. Quand il se passe des mois et des années pour que la vie change, les gens ont perdu le fil et la confiance. Nous devons redoubler d’énergie pour que l’efficacité soit là, que la vie change en vrai. Cela suppose que les ministres dirigent leurs administrations. Etre ministre, ce n’est pas parler dans le poste. C’est mettre en œuvre des décisions qui correspondent à une stratégie que je décide, une politique que mène la Première ministre. Et sur la base des arbitrages, que ce soit mis en œuvre. Il faut diriger les administrations, c’est indispensable."