"Si vous banalisez le RN, pourquoi ne pas faire d'alliance avec lui?", lance Coquerel à Macron
Du rififi dans les plus hautes sphères de la majorité? En conseil des ministres mardi, le président de la République s'en est pris à Elisabeth Borne sa Première ministre. La raison? La sortie quelques jours plus tôt de la pensionnaire de Matignon sur le RN qui avait estimé que le Rassemblement national était l'"héritier de Pétain".
"Vous n'arriverez pas à faire croire à des millions de Français qui ont voté pour l'extrême-droite que ce sont des fachistes", aurait lancé le chef de l'Etat, qui en 2018 avait justifié l'inclusion de Philippe Pétain dans un hommage aux maréchaux de la guerre 14-18, à l'attention de sa cheffe du gouvernement.
"Majorité fragilisée"
"Emmanuel Macron a besoin de recadrer Elisabeth Borne, cela en dit long sur le couple de l'exécutif, on a une majorité fragilisée", a observé ce mercredi sur RMC et BFMTV Eric Coquerel, député Nupes et président de la Commission des finances de l'Assemblée nationale.
Pour l'élu, ce recadrage d'Emmanuel Macron banalise les idées du Rassemblement national: "Avant, le ministre du Travail Olivier Dussopt expliquait que La France insoumise était pire que le Rassemblement national. Emmanuel Macron banalise, en nous attaquant, le Rassemblement national. Il a envoyé des signaux depuis quelques temps, notamment en reprenant les propos de Charles Maurras (homme politique d'extrême-droite, ouvertement antisémite, directeur de l'Action française, ndlr) et en réhabilitant d'une certaine manière Pétain".
"Si vous décidez que le Rassemblement national devient fréquentable, vous banalisez, vous expliquez qu'il n'est pas l'héritier d'une longue tradition d'extrême-droite, pourquoi pas d'alliance avec lui?", a interrogé Eric Coquerel.
"Droitisation" du pouvoir
Le député en veut pour preuve des textes votés par la majorité avec le soutien des élus du Rassemblement national: "Nous, nous ne votons jamais de textes qui sont proposés par le RN", a ajouté Eric Coquerel déplorant l'absence de consigne de Renaissance pour voter contre des candidats RN opposés à des candidats Nupes lors des législatives.
"Ils sont en train de casser des murs que Jacques Chirac avait érigés. Il y a une droitisation de ce pouvoir sur bien des aspects", a conclu l'élu.
Dimanche sur Radio J, Elisabeth Borne s'en était pris au Rassemblement national, assurant ne pas croire "à la normalisation" du parti et appelant à ne pas "banaliser" ses idées évoquant une idéologie dangereuse qualifiant le parti de Marine Le Pen et de Jordan Bardella d'"héritier" de Philippe Pétain, chef du régime de Vichy qui collabora avec l'Allemagne nazie.
Des propos qui n'ont donc pas manqué de faire réagir Emmanuel Macron le président de la République qui a estimé mardi qu'il ne fallait pas combattre les idées du RN avec "des arguments moraux", mais qu'il fallait décrédibiliser le parti "par le fond et les incohérences plutôt que par des "mots des années 90 qui ne fonctionnent plus".