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Quand l’Etat indemnise un caïd marseillais à cause d’une détention provisoire trop longue

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François Bengler, soupçonné notamment de meurtre et de séquestration, en prisn depuis cinq ans et trois mois, va percevoir 7.200 euros de la part de l'Etat. La raison? Il est resté trop longtemps en prison avant son jugement. Explications.

François Bengler a été interpellé en compagnie de cinq complices en décembre 2010 pour un enlèvement avec demande de rançon. Il est aussi soupçonné d’avoir assassiné un jeune de 16 ans, présumé guetteur d’un trafic de drogue et d’avoir tiré sur un enfant de 11 ans, possible témoin. Plus concrètement, cet homme de 35 ans est considéré comme un des principaux responsables des règlements de comptes à Marseille. Aux yeux des enquêteurs, François Bengler passe pour être le chef de la bande des "Gitans" dont le conflit avec celle des "Blacks" a fait 15 morts depuis 2008.

Dès lors, l’instruction de son dossier a été plutôt compliquée et sa détention provisoire a duré jusqu’ici cinq ans et trois mois. Trop long pour la Cour européenne des Droits de l’homme qui estime que le délai raisonnable est dépassé. Ce qu’a reconnu l'Etat français qui s’est engagé à indemniser François Bengler. Précisément, il devra lui verser 7.200 euros pour ne pas être condamné par la cour européenne.

"C'est une situation absurde"

Pour Yves Robert, secrétaire zonal Sud du syndicat des cadres et de la sécurité intérieure de la police nationale, cette situation particulière est due au manque de magistrats. "L'indemnisation de François Bengler met en évidence l'insuffisance du nombre de magistrats en France ce qui explique un temps de détention beaucoup trop important. Il est choquant qu'un individu soupçonné de crime ne soit jugé que des années après." Il ajoute: "Il est anormal, du point de vue des individus et niveau de la société, que ces gens-là n'aient pas été jugés par la cour d'assises".

Alors que le placement en détention de François Bengler vient d’être rallongé de 6 mois jusqu’au procès finalement prévu fin septembre, Luc Febbraro estime que c'est aberrant, malgré l’indemnisation versée. "Il faut que la justice française mette un terme à cette détention provisoire. On est dans une situation absurde et paradoxale: la réparation financière ne donne pas un droit à poursuivre la violation."

Maxime Ricard avec Lionel Dian