Chasse: le député Matthieu Orphelin propose "une interdiction à partir de 11h le week-end"
Un accident de chasse dramatique. Dans le Cantal, ce samedi après-midi, une randonneuse de 25 ans est décédée sur place après avoir reçu une balle perdue lors d'une battue aux sangliers. L'auteur du coup de feu mis en cause est une jeune femme de 17 ans. Testée négative aux stupéfiants et à l'alcool, elle a été transférée à l'hôpital en état de choc. Une enquête a été ouverte du chef d'homicide involontaire et confiée à la brigade de recherche d'Aurillac, selon le parquet.
"On passe de drame en drame, regrette le député écologiste du Maine-et-Loire Matthieu Orphelin dans ‘Apolline Matin’ ce lundi sur RMC et RMC Story. Je crois qu’il faut agir enfin, sortir d’années d’inaction, pour réguler la chasse pendant le week-end et les vacances scolaires. La proposition des écologistes est d’interdire le samedi et le dimanche et les vacances scolaires. C’est une proposition qui aurait le mérite de la clarté. C’est déjà fait dans d’autres pays. Au Royaume-Uni le dimanche, par exemple. C’est un meilleur partage de la nature, c’est assez simple à mettre en œuvre."
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"Je suis écologiste mais j’ai ma liberté de penser"
Plus précisément, Matthieu Orphelin propose d’interdire la chasse à partir de 11h le week-end. "Moi, je suis pour le principe de cette interdiction, pour le meilleur partage de la nature. Mais je propose un compromis, qui m’a été soufflé d’ailleurs par les chasseurs du Maine-et-Loire, où je suis élu. Je propose que la chasse soit interdite à partir de 11h, le samedi et le dimanche. Ça permettra aux chasseurs, qui ne peuvent pas chasser en semaine, de chasser tôt le matin. Et à partir de 11h, c’est clair et net, c’est pour les randonneurs, les vététistes et toutes celles et tous ceux qui veulent profiter de la nature. Je suis écologiste mais j’ai ma liberté de penser."
Le député du Maine-et-Loire, qui n’est pas "anti-chasse" et "ne rêve pas de l’interdiction de la chasse", demande au gouvernement de prendre des mesures. "On ne peut passer de drame en drame, avec un gouvernement qui ne veut rien faire, qui se contente de quelques tweets. Quand on est ministre, c’est pour agir. J’appelle Barbara Pompili et Bérangère Abba à enfin prendre ce sujet à bras le corps. On a toujours le temps d’agir. Le gouvernement peut dire : ‘Devant la succession des drames, je propose quelque chose’. C’est pour ça que je propose l’interdiction de la chasse à partir de 11h, parce que moi je veux trouver une solution. Je veux sortir des positions stériles. Il y a entre 66 et 85% de Français qui sont pour l’interdiction de la chasse le week-end, donc c’est une mesure qui est massivement soutenue. J’entends aussi les chasseurs sur mon territoire. Soit on interdit tout le dimanche, soit on fait samedi et dimanche à partir de 11h."
"Depuis des années, les accidents baissent de façon radicale"
Le lobbyiste Thierry Coste, qui conseille le président de la Fédération nationale des chasseurs Willy Schraen, est contre l’interdiction de la chasse le week-end, mais assure que la limitation aux matinées est déjà en vigueur dans certains endroits. "Cette proposition n’est pas la vôtre, répond-il à Matthieu Orphelin. Elle a été faite par des sociétés de chasse, où on chasse jusqu’à 14h, où on ne chasse qu’une seule fois le matin… Vous l’ignorez sans doute. On le pratique déjà dans un certain nombre d’endroits et c’est tant mieux, à condition qu’on s’adapte au niveau local."
"Il y a des endroits, dans les forêts domaniales, où la chasse est interdite le dimanche parce qu’il y a trop de monde, ajoute Thierry Coste. Mais au fin fond du Cantal, de la Lozère, les mêmes forets domaniales, il faut qu’elles soient ouvertes." Selon lui, les chasseurs cherchent évidemment des solutions. "Ce drame est une catastrophe en terme d’image mais hélas, il est sans doute lié à une faute grave de comportement, estime Thierry Coste. Depuis des années, les accidents baissent de façon radicale. C’est une mobilisation de tous les instants, de toutes les organisations et tous les chasseurs de France. C’est pour ça qu’aujourd’hui, il y a aussi peu de morts. Un mort de plus, c’est toujours un mort de trop. Donc il faut trouver des solutions. Elles existent."