Des sinistrés "abandonnés" attaquent l'État français en justice pour inaction climatique

Une action en justice inédite. Onze citoyens sinistrés et trois ONG lancent, mardi, une action judiciaire contre l’État français pour insuffisance en matière d’adaptation au changement climatique. C’est la première fois dans l’Union européenne que des sinistrés attaquent l’État en justice pour exiger une meilleure protection.
Dans le viseur notamment, le Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC3), dévoilé par le gouvernement en mars 2025, que les ONG jugent "largement insuffisant".
"Il y a urgence à agir", s'alarme Jérôme Sergent, l'un des 11 sinistrés.
La ferme de cet agriculteur dans le Pas-de-Calais a été inondée en 2023: "On est monté à 2m35 par rapport au niveau normal". "Toutes mes parcelles étaient prêtes. On a été inondé ici à huit reprises au total. J'ai perdu des arbres, j'ai perdu des cultures et tout le semi que j'avais fait pour pouvoir débuter mon activité en 2024", se désole Jérôme Sergent.
Des logements qui menacent de s'effondrer
De son côté, Mohammed Benyahia est confronté à des fissures dans son logement. En cause, les mouvements du sol en argile, qui se gonfle avec la pluie. "Les sinistrés victime de gonflement d'argile qui ont des maisons fissurées, ils sont livrés à eux-mêmes, abandonnés, ignorés", alerte le sinistré, qui ne reçoit "rien" des assurances.
Chez lui, les portes ne se ferment plus, des barres de fer sont installées dans le salon pour maintenir le plafond et des craquements résonnent toute la nuit. "Si je n'avais pas posé une barre métallique, une partie de la maison aurait été par terre. Ça n'aurait pas été habitable, exactement comme l'expert est venu me le dire", décrit Mohammed Benyahia.
Les sinistrés, qui portent plainte contre l'État, ne demandent pas d'indemnisation, mais attendent de ce dernier une prise de conscience et des actions concrètes. "Un plan d'action à court, moyen et long terme, que ce soit sur le risque inondation, le risque sécheresse, vis-à-vis des bâtiments", expose Jérôme Sergent. Ce dernier craint que les inondations ne fassent que s'accentuer dans les prochaines années.
Les trois ONG qui portent l'affaire, Oxfam France, Greenpeace France et "Notre affaire à tous", avaient déjà fait condamner l'État français pour inaction climatique dans "l'affaire du siècle".