"Les berges sont pourries": la colère de maires dans le Pas-de-Calais après les inondations

Les inondations dans le Pas-de-Calais ont provoqué la colère des agriculteurs. Ils ont manifesté ce lundi à Boulogne-sur-Mer pour dénoncer la gestion de l'eau dans le département. Et c'est au tour des maires d'appeler à la mobilisation ce mardi à Coulogne, près de Calais.

Les inondations dans le Pas-de-Calais ont fait des dégats. Et les agriculteurs du département sont en colère. Une réunion doit avoir lieu ce mardi entre les services de l'Etat, les différents gestionnaires de l'eau dans le département et des maires concernés. Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, doit s'y rendre malgré le remaniement.

A l'appel de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs, une centaine de tracteurs se sont rendus ce lundi à Boulogne-sur-Mer pour curer la Liane.

Ils ont ensuite déversé la vase devant la direction départementale des Territoires et de la Mer, la structure qui est en charge du traitement des dossiers de curage.

"Il y a urgence de faire des travaux pour éviter de nouvelles inondations", selon Jean-Edouard Marlard, agriculteur à Ardres qui produit des pommes de terre et du blé. Lui chiffre ses pertes à 30 000 euros rien qu'en novembre.

Ce mardi, c'est au tour des maires de manifester pacifiquement ce mardi à 16h15 à Coulogne à l'appel de maires. Car cela fait des années qu'ils alertent sur le manque d'entretien du réseau hydrique.

Depuis vendredi dernier, une pompe fraîchement installée évacue jusqu'à 5.400 mètres cubes d'eau par heure pour accélérer la décrue. Le tout sous le regard dépité d'Eric Buy, le maire de Guînes, où 400 habitations ont été touchées par les inondations.

“Il y a une colère parce qu’on a fait des demandes pour gérer la rivière. On a fait des demandes par écrit, par téléphone. Les berges sont pourries, elles sont effondrées dans le canal. Ce qu’on peut avoir comme message, c’est qu’il faut qu’on écoute les élus. Les acteurs se renvoient parfois un peu la balle”, assure-t-il.

Une enquête administrative réclamée

Rien que dans le Pas-de-Calais, 15 acteurs au moins se partagent la gestion de l'eau. Sur le pont de l'écluse, le maire de la commune voisine, Andres, le rejoint d'un pas affirmé. “Depuis 2006, rien n’a été fait”, dénonce Allan Turpin.

Ce mardi après-midi, il donne rendez-vous aux manifestants sur le pont juste au-dessus de la rivière, dont le niveau menace de déborder, selon lui, dix fois par an.

“Nous sommes les enfants pauvres du territoire. Moi, j’aimerais bien une enquête administrative sur tout ce qui s’est passé pendant les inondations parce que pour moi, il y a vraiment des choses graves qui se sont passées et il ne faut pas passer à côté”, assure-t-il.

En septembre dernier, la Cour des comptes alertait aussi sur le mauvais état du système de canaux censés contenir les inondations.

Maryline Ottmann avec Guillaume Descours