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Éoliennes géantes, serveurs au fond de l'océan: les projets fous des géants du numérique  pour réduire leur empreinte environnementale

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On n'arrête pas le progrès - Les géants du numérique aussi doivent participer à l'effort écologique alors que leur industrie est plus polluante que l'on ne le croit. Et pour ça, ils ne manquent pas d'idées.

Parmi les sujets de la COP26 figure l’empreinte environnementale du numérique et plus particulièrement la consommation électrique des "datacenter". Ces immenses blockhaus remplis de serveurs informatiques par où passent toutes nos données chaque jour sont très consommateurs d’électricité. La production des datacenter en termes d’émissions de gaz à effet de serre est comparable à celle de l’ensemble du trafic aérien : 2% au niveau mondial.

Derrière ces datacenter, évidemment les géants du numérique pointés du doigt lors de la COP26. Déjà au niveau européen, près de 3% de la production électrique est dédiée aux datacenters, soit près de 80TWh l’équivalent de la consommation d’un pays de 11 millions d’habitants. Et cela devrait encore augmenter alors qu’on a enregistré une hausse de 42% entre 2010 et 2018.

Dans le monde c’est encore plus impressionnant: on comptait 500.000 datacenter en 2012, on en recense plus de 8 millions aujourd’hui. Ils consomment 416 TWh, contre 476 pour toute la France. S’ils représentent, 2% des émissions de gaz à effet de serre, cette part devrait passer à 14% à 2040.

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Faut-il plonger les datacenter au fond de l'océan?

Des efforts ont déjà été fournis : la puissance pour stocker 1 To de données a été divisée par 9 entre 2010 et 2020. De nouveaux matériaux recyclables sont utilisés pour concevoir les machines. Les matériaux de construction ont une empreinte carbone plus faible et les datacenter sont souvent alimentés en énergie renouvelable. L’IA cherche les meilleurs performances énergétiques en analysant taux d’humidité, la température et le temps d’utilisation des machines. À la place des humains, des robots sont parfois utilisés pour intervenir et bousculent moins les paramètres air/humidité dans les salles. Enfin, les systèmes de refroidissement sont plus performants en installant notamment les datacenter dans les pays froids.

Pour économiser de l’énergie, certains aimeraient plonger les datacenter au fond de l’océan. Microsoft s’est déjà lancé avec le français Naval Group, leader mondial de la construction navale, dans le projet Natick, "20.000 pétaoctets sous les mers" (1 pétaoctet représente 1024 téraoctets ndlr). 900 serveurs ont été embarqués dans un container étanche et plongés sous l’eau pendant 2 ans.

Le container est relié à la surface car il faut quand même que les données montent et remontent et il faut de l’électricité pour faire tourner tout ça. L’idée serait de le plonger à proximité des côtes écossaises. L’électricité est produite soit par des éoliennes ou des panneaux solaires installés en surface ou par des systèmes de moteurs utilisant les vagues, les courants marins ou les marées, la production par marémotrice.

Et puis pas la peine de les refroidir. C’est l’eau de mer qui refroidit le container. Un concept plutôt prometteur à l’heure où se pose la question de l’impact du numérique sur l’environnement.

Après deux ans d’expérimentation, ces datacenter ont un taux d’échec huit fois moindre que ce qui est enregistré sur terre. Microsoft n’est pas sûr des raisons de cet écart. Deux hypothèses existent : le rôle de l’air ambiant dans la capsule, fait d’azote, moins corrosif que l’oxygène, et tout simplement l’absence d’allées et venues humaines pouvant heurter le matériel.

Et aucun impact néfaste sur la température de l’eau, ni sur le réchauffement des océans n'a été enregistré. Encore mieux, tout un écosystème de coquillages, d’algues s'est accroché au conteneur au cours de ces deux années.

Au-delà de la question écologique, Microsoft y voit aussi des avantages opérationnels : en 2018, le groupe rappelait que la moitié de la population mondiale vit à moins de 200 km de l’océan. En positionnant ces datacenter intelligemment, il serait possible de baisser la latence à 2 millisecondes, contre par exemple 40 millisecondes si le centre de données se trouve à 4000 km du domicile.

Apple plaide pour le renouvelable

Apple l’a promis : toute son activité sera neutre en émission carbone d’ici à 2030. Alors évidemment on peut éteindre les lumières quand on ferme un Apple store ou les bureaux de son siège social. Il y a aussi tout le circuit logistique à travailler.

Mais pour qu’un IPhone ait un impact nul en 2030, il faut aller plus loin. Apple est donc en train de bâtir un immense parc éolien au Danemark avec les engins les plus grands du monde, pour alimenter son data center de Viborg. Des éoliennes de 200 mètres de haut.

L'ensemble va fournir à terme 62 GWh d’électricité par an l’équivalent d’une ville de 1 million d’habitants. Et complètera le parc de panneaux solaires déjà installé. Toute l’énergie excédentaire générée par ces éoliennes sera rediffusée sur le réseau électrique danois.

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Frédéric Simotel