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Jauges, plages interdites... faut-il limiter le nombre de touristes dans les zones fréquentées?

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Face à un afflux de touristes de plus en plus important, certains villes ou départements prennent la décision de limiter voire interdire les touristes dans les endroits les plus fréquentés, pour protéger les lieux. Une décision que les professionnels du tourisme ont du mal à comprendre.

Pour la deuxième année de suite, le parc national des calanques de Marseille a pris une décision choc. Si vous vous rendez dans les calanques de Sugiton et des Pierres tombées cet été il faudra penser à réserver votre créneau sur le site en ligne, sans quoi vous vous exposerez à une amende de 68 euros en cas de contrôle.

Les places vont partir vite avec un accès limité à 400 personnes par jour, soit six fois moins que lors des pics de fréquentation l'été. La mesure s'applique pour les deux derniers weekends de juin puis tout l'été du 1er juillet au 3 septembre. Cette décision d'instaurer des quotas de touristes a été prise parce que ces deux calanques sont victimes de la sur-fréquentation touristique, provoquant l'érosion des sols et une forte pollution.

L'île Vierge... interdite

Mais les calanques ne sont pas le seules à avoir pris cette décision. L'’île de Porquerolles au large de la presqu’île de Giens a désormais un accès limité à 6.000 touristes par jour, soit moitié moins que lors des pics en haute saison. En Bretagne, l'accès à l'île Vierge (Crozon) est même interdit jusqu'à nouvel ordre, sa plage étant sur-fréquentée, à cause d'un classement du journal britannique The Guardian sur les plus belles plages d’Europe.

En Corse, l'accès à l'une des îles Lavezzi, au large de Bonnifacio, sera limité à 2.000 personnes cet été. Il faudra avoir une autorisation ou une réservation. Ce site est lui aussi victime de son succès avec 300.000 visiteurs chaque année, jusqu'à 3.000 personnes pour la seule journée du 15 août dernier, alors que l'île ne fait que 69 hectares soit l'équivalent d'une exploitation agricole.

Plus de pub sur la Corse l'été

La Corse a d'ailleurs pris la décision, pour la première fois, de ne plus faire la promotion de l'île pendant la période estivale, en juillet et en août. Une mesure de "démarketing" qui concerne à la fois la Corse, toute entière, et les sites très prisés comme la réserve de Scandola ou les îles Lavezzi. L'objectif est d'inciter les vacanciers à aller découvrir d'autres coins de l'île moins fréquentés. Mais cette décision ne ravis pas les professionnels du tourisme.

"Ne pas faire de publicité pour le tourisme est une idiotie monumentale" juge, par exemple, Bernard Marty, le porte-parole de l'UMIH Corse, le syndicat des hôteliers et restaurateurs sur l'île de Beauté.

"La Corse vit quasi exclusivement du tourisme. L'intérieur du pays est beaucoup moins fréquenté que le bord de mer, donc il est clair qu'il faut faire la promotion de la Corse entièrement, mais pas de morceaux de corse sur-fréquentés", note-t-il.

A Nice, le sujet fait aussi débat. Les chiffres du tourisme sont bons. Les hôtels font le plein en mai avec 75% de taux d'occupation, ce qui est de bonne augure pour le reste de la saison. Le tourisme c'est la première activité du territoire et c'est donc "une bonne nouvelle" dit le président délégué de l'office du tourisme.

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Économie contre écologie

Mais ce n'est pas l'avis d'un collectif de citoyens, le collectif 06, qui estime qu'il faut arrêter le sur-tourisme. En cause, une pression foncière plus forte pour les locaux et plus de consommation d'eau l'été alors que la région est sous restriction, et plus de pollution.

Une situation que comprend François de Canson. Le maire divers droite de La Londe-les-Maures est aussi président du comité régional du tourisme de la Région Sud et d'ADN Tourisme. Pour lui, il "ne faut pas opposer économie et écologie" même s'il concède que la région "ne fait plus de promotion pour le tourisme, l'été, depuis quatre ans." Il ne veut pas céder à un alarmisme et estime qu'il "faut que les habitants comme les touristes se trouvent bien sur le territoire" tout en régulant les flux.

Margaux Bourdin avec MM