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"Je n’ai pas envie de vivre avec des cannes ou dans un fauteuil": le calvaire de Catherine dont la maison se situe à côté d'une zone d’épandage de pesticides

Sa maison se situe juste à côté d'une exploitation agricole qui utilise des pesticides. Elle a porté plainte pour empoisonnement.

Quelle distance faut-il entre habitations et zones d'épandage de pesticides? Le gouvernement publiera les résultats de la grande consultation nationale sur le sujet d'ici la fin du mois. Il l'assure, il tiendra compte ses avis pour prendre sa décision à la fin de l'année.

Un sujet qui concerne largement Catherine, une habitante de Larchamp au nord-ouest de la Mayenne. Elle affirme vivre un enfer depuis 6 ans, elle habite à 9 mètres d'une exploitation qui utilise des pesticides. À chaque épandage, Catherine a les yeux et la gorge qui brûlent, elle et sa fille sont aujourd'hui gravement malades. Un laboratoire indépendant a établi un lien cette semaine entre ces maladies et les pesticides. Elle a porté plainte pour empoisonnement, une enquête publique a été ouverte par la procureure de Laval. 

Une petite maison dans un vallon bordé de champs de maïs, un cadre bucolique. "A l’école, ma fille disait, ‘nous c’est la maison du paradis’. Mais non, ça ne peut plus être la maison du paradis", indique Catherine. 

Depuis 6 ans maintenant Catherine et sa fille son gravement malade. Problèmes respiratoires, brûlure au niveau des yeux, de la gorge, tumeurs a répétitions cancer de la thyroïde, l’origine du mal selon Catherine: l’épandage de produits toxiques dans les champs voisins.

"Quand il pleut, tous les produits s’écoulent avec les boues dans ma cour et ça fait une cuvette", indique-t-elle.

Aider d'autres victimes

L’agricultrice voisine utilise pourtant des pesticides à des doses réglementaires. Mais avec le ruissellement, le terrain de Catherine est empoisonné. Sur ses 9 chatons nés il y a deux mois seulement, deux ont survécu.

"C’est les deux seuls qui restent. Ils ont les yeux brûlés et les narines également. Il y a bien un problème, ces produits sont dangereux. Il faut les interdire", affirme Catherine. 

Catherine a décidé de quitter la maison qu’elle a tant aimé. "Je n’ai pas envie de vivre avec des poches, avec des cannes ou dans un fauteuil ou que tous les deux-trois mois de perdre une dent. J’aurais voulu vivre comme tout le monde. Mais je voudrais aider d’autres victimes", explique-t-elle.

Catherine s’engagera contre les pesticides malgré la maladie. "Je veux que mon dossier serve aussi à d’autres. Je ne suis pas toute seule", justifie-t-elle. 

Romain Poisot avec Guillaume Descours