Inondations: "On attend avec angoisse en espérant que l’eau ne monte pas plus"

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Le mur anti-crue n'aura pas retenue la Marne à Gournay, commune en Seine-Saint-Denis, à l'Est de Paris. L'édifice permet de stopper l'eau jusqu'à 5 mètres 50, au-delà, le fleuve, qui traverse la ville, envahit les rues et les habitations. C'est ce qui se passe depuis vendredi matin.
80% des bâtiments sont en zone inondable, 500 foyers sont concernés et d'après la mairie, on en compte d'ores et déjà 150 sinistrés. Les coupures d'électricité par la municipalité se multiplient et des riverains ont été évacués par barque.
"Je ne vais pas attendre et vivre sans lumière, sans rien"
Jeanne qui habite au bord de la Marne voit le fleuve qui ne cesse de monter et envahit sa cave. "Tout flotte. Il y a des choses auxquelles je tenais comme des albums photos".
Alors, la septuagénaire réunit vêtements et papiers à la demande d’un courrier de la mairie. "Vous êtes invités à vous mettre à l’abris par précaution et à préparer vos effets personnels indispensables", nous lit-elle.
L'électricité commence à être coupée dans les quartiers voisins. Jeanne s'attend donc à partir à tout moment. "J’irais dans de la famille. Je ne vais pas attendre et vivre sans lumière, sans rien".
"L’eau est aux portes des cuisines donc il faut que ça s’arrête là"
Frédéric lui, tient un restaurant portugais au bord de la Marne et il constate la montée de l'eau.
"Hier matin, quand on est arrivés, on s’est aperçu que la cave était inondée. L’eau est aux portes des cuisines donc il faut que ça s’arrête là. Il ne faut surtout pas que la crue continue à grimper. On attend avec angoisse, en espérant que l’eau ne monte pas plus et qu’on ne soit pas obligés de fermer le restaurant. Moi, en parallèle, j’ai déjà appelé mon assureur pour savoir comment ça allait se passer donc on croise les doigts, il faut que ça s’arrête là".
Depuis vendredi la voirie vient secourir ceux qui ne peuvent plus rentrer chez eux. C’est Pascal Simonin qui dirige les opérations. "On a deux barques, trois petites navettes et des petits bateaux Zodiac. On a un bateau à moteur qu’on va justement utiliser à cause du courant qu’il y a".
"On peut avoir des conséquences plus ou moins importantes donc, vigilance"
Emma Haziza est hydrologue et spécialiste de la gestion du risque des territoires. Malgré une première décrue de la Seine et de la Marne entamée en début de semaine, le problème vient du bassin parisien, saturé en eau.
"On a vraiment cette zone en aval qui va être concernée par ces grandes marées et qui vont, en empêchant l’écoulement, retarder la décrue. Ça peut remonter très loin, très en amont dans les terres voire même, avoir une incidence sur Paris. La Marne réamorce une crue parce que le territoire est totalement saturé en eau actuellement. En fonction de la localisation de la pluie et de la vulnérabilité du territoire, on peut avoir des conséquences plus ou moins importantes donc, vigilance".
Onze départements sont toujours placés en vigilance orange crues et inondations aux abords de la Seine et de ses affluents. C’est le cas de l’Eure, la Seine-Maritime, le Val-d’Oise, les Yvelines, Paris et sa petite couronne, la Seine-et-Marne, l’Aube et la Marne. La décrue est rendue difficile par les forts coefficients de marées. Ce samedi 3 février à Rouen il a atteint 106. La marée moyenne est de 70 et la maximale de 120.